Fonction publique : pourquoi les départs pour invalidité s’envolent chez les fonctionnaires ?

Les départs anticipés pour invalidité connaissent une augmentation inquiétante chez les fonctionnaires, en particulier chez les agents territoriaux et hospitaliers. En 15 ans, leur nombre a bondi de 50 %, touchant principalement les métiers physiques et exposés aux conditions de travail difficiles. Si le vieillissement des agents explique en partie cette hausse, d’autres facteurs comme les réformes successives des retraites et l’augmentation de l’âge de départ jouent également un rôle clé.

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Une fonctionnaire assise à son bureau, souffrant de douleurs dorsales, illustrant les conditions de travail difficiles et l'augmentation des départs pour invalidité.
Fonction publique : pourquoi les départs pour invalidité s’envolent chez les fonctionnaires ? | Econostrum.info

Le nombre de fonctionnaires quittant leur poste pour invalidité ne cesse de croître, notamment dans les collectivités locales et les hôpitaux. Ce phénomène résulte d’une usure physique accrue, accentuée par des réformes qui repoussent l’âge légal de départ à la retraite.

Entre 2010 et 2019, le nombre d’agents de la fonction publique hospitalière et territoriale mis à la retraite pour invalidité a progressé de 5 500 à 8 300 départs par an, soit une hausse de 50 %. Depuis, le chiffre s’est stabilisé à environ 7 000 départs annuels entre 2020 et 2023, représentant une augmentation globale de 27 % depuis le début des années 2010.

Selon la Caisse des Dépôts, qui gère la retraite des fonctionnaires, cette tendance est en partie liée au vieillissement des agents. En effet, plus l’âge avance, plus le risque d’invalidité augmente. Cependant, ce facteur démographique ne suffit pas à expliquer l’ampleur du phénomène.

Des réformes qui poussent au départ anticipé

Les réformes des retraites successives, notamment celle de 2010, ont contribué à la hausse des départs pour invalidité. En repoussant l’âge d’ouverture des droits, ces changements ont conduit certains fonctionnaires, dont l’état de santé se dégradait, à opter pour une retraite anticipée pour invalidité.

Les catégories les plus touchées sont les agents de catégorie C, qui occupent des postes physiquement exigeants. Ces fonctionnaires, qui regroupent des professions comme les aides-soignants, les éboueurs ou les policiers municipaux, sont quatre à cinq fois plus nombreux à partir en retraite pour invalidité que les agents de catégorie A, souvent moins exposés à des conditions de travail difficiles.

Des inégalités marquées entre hommes et femmes

Un autre point clé mis en avant par la Caisse des Dépôts est l’écart entre les femmes de la fonction publique territoriale et hospitalière. Dans les hôpitaux, huit femmes sur dix en catégorie C peuvent bénéficier de départs anticipés via des dispositifs comme la catégorie active, la carrière longue ou des motifs familiaux. Cela leur permet de quitter leur poste avant d’être contraintes à une retraite pour invalidité.

En revanche, dans la fonction publique territoriale, ces dispositifs sont moins accessibles. Seules quatre femmes sur dix peuvent y prétendre, rapporte Capital. Les autres n’ont que deux choix : continuer à travailler malgré la pénibilité ou être mises en invalidité. Avec le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cette situation risque de s’aggraver dans les prochaines années.

Un défi pour l’avenir des fonctionnaires

Cette explosion des départs pour invalidité met en lumière un problème structurel dans la fonction publique. Alors que le vieillissement des agents est inévitable, les conditions de travail dans certains secteurs restent particulièrement difficiles.

L’augmentation de l’âge de départ à la retraite pourrait accroître encore davantage la pression sur ces agents. Des solutions sont attendues, notamment en matière d’aménagement des postes, de prévention des risques professionnels et d’assouplissement des dispositifs de départ anticipé.

Si aucune réponse n’est apportée, la fonction publique hospitalière et territoriale pourrait faire face à une vague de départs encore plus massive dans les années à venir, avec des conséquences directes sur la qualité des services publics.

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