Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, estime que la France est au pied du mur concernant son déficit. Pour lui, la situation des finances publiques exige un courage politique pour une reprise en main de la situation.
Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, est critique vis-à-vis de la politique économique française. La situation des finances publiques est « préoccupante », estime-t-il, dans un entretien accordé à nos confrères de La Tribune. La France reste sur une dégradation sévère, en 2023, de son solde budgétaire avéré à 5,5 % du PIB au lieu des 4,9 % prévus. « Il y a incontestablement eu un incident sur les recettes fiscales, en partie, mais pas totalement imprévisible », commente-t-il.
Pour lui, la France n’a pas la maîtrise nécessaire de ses dépenses. Il estime les finances publiques du pays figurent « parmi les plus dégradées de la zone euro ». Comme il juge que le gouvernement aurait dû se passer d’un surendettement supplémentaire cumulé ces dernières années. « Nous avons persisté à nous endetter en développant une politique du chéquier, notamment pour faire face à l'inflation, alors que le reste de la zone euro a fortement réduit sa dette » a-t-il indiqué.
« Nous avons le plus haut taux de dépenses publiques de la zone euro, le plus haut taux de prélèvement obligatoire de la zone euro, un des plus hauts taux de dette publique, et un déficit parmi les plus élevés », regrette-t-il. Cela place la France, selon lui, sur le « podium, pas des plus enviables, des trois pays les plus endettés de la zone euro, derrière la Grèce et l'Italie ». Cela dit, une sortie de crise existe pour le président de la Cour des comptes. Pour ce faire, il préconise de « vraiment faire un effort de réduction, de maîtrise de la quantité de la dépense publique et d'amélioration considérable de sa qualité », recommande-t-il.
Plaidoirie pour une meilleure répartition de l'effort afin de réduire le déficit
Pierre Moscovici est convaincu « que l'on peut diminuer les dépenses sans amoindrir la croissance, sans dégrader notre modèle social et sans sacrifier les dépenses d'avenir ». Mais il redoute que les coupes annoncées par le gouvernement ne soient suffisantes « pour tenir l'objectif de 4,4 % de déficit en 2024 ».
Dans ses prévisions, pour revenir à 3 % du PIB en 2027, le gouvernement a projeté 50 milliards d'euros d'économies sur trois ans. « Ce chiffre risque au demeurant d'être un minimum », fait remarquer Pierre Moscovici. « Nous avons besoin de courage politique. Il faut dire la vérité aux Français, proposer une trajectoire réaliste et afficher une volonté inébranlable de la respecter », appuie-t-il, tout en rappelant que pour être acceptable, l'effort doit être équitablement partagé.
Les trois catégories de dépenses publiques, à savoir l'État, les collectivités locales et la Sécurité sociale, qui pèse pour 50% du total, doivent contribuer chacune à leur niveau, conseille-t-il. Enfin, Pierre Moscovici a indiqué que dans quelques semaines, trois rapports de revue de dépenses : l'un porte sur l'Assurance maladie, l'autre sur le financement des collectivités territoriales et le dernier sur la sortie des dispositifs des crises, Covid et énergie, seront remis au Premier ministre.