Le déficit du système des retraites va encore se creuser pendant les prochaines décennies, selon un rapport du Conseil d’orientation des retraites qui vient d’être révélé dans un contexte marqué par une situation politique tendue. À la veille de la campagne pour les législatives anticipées, le débat sur une nouvelle réforme du système des retraites est désormais relancé.
Malgré la réforme de 2023, le système des retraites restera en difficulté pour longtemps encore. Le COR (Conseil d’orientation des retraites) prévoit un déficit à -0,4% à l’horizon 2030 qui va aller s’aggravant jusqu’à l’horizon 2070. Selon son rapport transmis aux partenaires sociaux, lundi 10 juin, avant d’être révélé jeudi 13 juin, le déficit du système des retraites est évalué à -0,2 % du PIB en 2024, soit un manque à gagner de 5,8 milliards d’euros.
Cette tendance négative ne s’arrêtera pas de sitôt, précise l’organe consultatif rattaché au gouvernement qui prévoit un déficit encore plus important, à -0,8 %, en 2070. Des prévisions plus pessimistes que celles déjà émises en 2023, évaluant ce dernier à seulement -0,2 % du PIB en 2030.
Pourquoi ces conclusions sont plus pessimistes que celles de 2023
Ce rapport, qui écarte le retour à l’équilibre budgétaire du système des retraites voulu par le gouvernement à l’horizon 2030, incombe ces projections plus pessimistes à plusieurs facteurs. Les perspectives macroéconomiques moins bonnes que prévu (-0,6 point en 2024 et -0,3 point en 2025) sont aussi, en partie, derrière ce constat.
Un peu plus élevée que prévu (+4,9 %, alors que le COR tablait sur 3,8 %), la revalorisation des retraites complémentaires Agirc-Arrco, de novembre 2023, y est également pour quelque chose dans cette tendance négative à long terme. L’organe consultatif auprès du gouvernement prévoit ainsi une légère augmentation des dépenses de retraites à 13,7 % du PIB à l’horizon 2030, alors qu’elles n’étaient que de 13,5 % dans le rapport de 2023. En 2070, elles devraient atteindre 13,2 % du PIB.
Par ailleurs, l’installation, en 2023, de l’économiste Gilbert Cette à la tête du COR est également perçue par les syndicats comme un facteur ayant participé à rendre les projections plus pessimistes. Sous sa direction, l’organe adopte des hypothèses de croissance de la productivité du travail un peu moins optimistes que les précédentes (4 hypothèses entre +0,4% à +1,3%, contre 4 hypothèses de +0,7% à +1,6% auparavant).
N’envisageant, par ailleurs, les autres hypothèses que dans le cadre « d’études de sensibilité » moins détaillées, le COR opte désormais pour un scénario de référence de +1%. Enfin, avec ces prévisions éloignant l’idée d’un retour à l’équilibre budgétaire du système des retraites. Le sujet d’une nouvelle réforme des retraites est plus que jamais d’actualité. Le débat sur ce sujet pourrait intervenir à l’occasion de la campagne pour les législatives anticipées.
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