Défense : augmenter le budget sans sacrifier les services publics, est-ce possible ?

L’augmentation du budget de la défense, annoncée par Emmanuel Macron, suscite des inquiétudes quant à son impact sur les services publics.

Publié le
Lecture : 2 min
L'image montre un militaire en uniforme avec un patch France, accompagné du logo des services publics, symbolisant la tension entre défense et services publics en France.
Défense : augmenter le budget sans sacrifier les services publics, est-ce possible ? | Econostrum.info

Face à un contexte mondial de plus en plus incertain, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation significative du budget de la défense, portée à 3 % du PIB d’ici 2025. Mais cette annonce soulève une question cruciale : ce renforcement des investissements militaires ne se fera-t-il pas au détriment des services publics ?

Lors de son allocution du 6 mars 2025, le président de la République a justifié l’augmentation des dépenses militaires en affirmant que « face à ce monde de danger, rester spectateurs serait une folie ». Pour répondre aux menaces géopolitiques actuelles, il propose d’investir davantage dans la défense nationale, avec un budget qui pourrait atteindre près de 90 milliards d’euros par an.

Cette stratégie a pour objectif de renforcer la sécurité nationale et de participer activement aux efforts européens de défense. Cependant, la mise en œuvre de ces « investissements supplémentaires » inquiète certains acteurs sociaux, qui craignent un déséquilibre dans la répartition des fonds publics.

Sophie Binet et la crainte d’un déclin des services publics

Sophie Binet, à la tête de la CGT, a exprimé ses craintes face à ce plan de financement de la défense. Interrogée sur BFMTV, elle a souligné que l’ »économie de guerre » pouvait signifier une réduction des ressources allouées aux services publics. Selon elle, cet effort de guerre pourrait se traduire par une réduction des budgets pour l’éducation, la santé ou les transports, des secteurs déjà soumis à des contraintes budgétaires.

Ces préoccupations soulignent la tension entre les besoins croissants pour la défense et la nécessité de maintenir un niveau élevé de services publics pour répondre aux besoins de la population.

Les experts nuancés sur l’impact du financement de la défense sur les services publics

Anne-Sophie Alsif, économiste et professeure à la Sorbonne, estime que l’augmentation du budget de la défense ne doit pas forcément entraîner une baisse des financements pour les autres secteurs, rapporte Capital. Elle plaide pour une décorrélation entre les deux.

Selon elle, d’autres solutions de financement existent, comme la réorientation de l’épargne des Français ou l’émission de titres spécifiques pour financer la défense, sans affecter les services publics. L’idée serait de flécher une partie de l’épargne nationale vers des investissements militaires, tout en préservant les finances publiques dans des secteurs essentiels.

Les fonds privés pourraient également être sollicités pour compléter le financement de la défense. En mobilisant des acteurs privés et en créant des fonds dédiés, l’État pourrait financer les dépenses de défense tout en limitant l’impact sur les budgets sociaux.

L’augmentation du budget de la défense n’implique pas nécessairement un détournement de fonds des services publics, mais elle nécessite des choix politiques forts et des arbitrages. Avec les outils financiers disponibles, il est possible de financer l’effort de défense tout en préservant les investissements dans la santé, l’éducation et d’autres services essentiels. L’important sera de définir les priorités sans sacrifier les besoins fondamentaux de la population.

Laisser un commentaire

Partages