L’année 2024 a été marquée par une vague record de défaillances d’entreprises en France, avec plus de 67 000 procédures recensées. Cette situation met en péril 255 000 emplois, touchant des secteurs clés comme la construction, les services et l’industrie. Un bilan alarmant qui reflète les fragilités persistantes de l’économie post-Covid.
Après le gel temporaire des procédures pendant la pandémie de Covid-19, le nombre de défaillances d’entreprises a explosé en 2024. Les moratoires, qui avaient permis à de nombreuses sociétés d’étaler leurs dettes, ont pris fin, laissant place à une avalanche de redressements judiciaires et de liquidations. Le cabinet Altares recense ainsi 67 830 procédures collectives, un record dépassant les niveaux observés après la crise financière de 2009.
Cette situation reflète également une conjoncture économique défavorable, marquée par des retards de paiement record et une fragilité financière accrue des entreprises. Les secteurs historiquement sensibles, comme la construction et les services aux entreprises, subissent les conséquences de ces déséquilibres.
Des secteurs durement touchés
Tous les secteurs ne sont pas affectés de manière égale. Selon le rapport, les entreprises de construction et de services aux entreprises concentrent 19 % des emplois menacés, suivies par le commerce (15 %) et l’industrie (13 %). Certaines activités spécifiques, comme la sécurité privée et le nettoyage, ont vu leurs défaillances augmenter de manière significative, en partie à cause de l’évolution des pratiques liées au télétravail.
Des exemples emblématiques, comme les faillites de Pimkie ou de Milee, montrent que même les grands employeurs ne sont pas épargnés. Les difficultés des grandes entreprises peuvent engendrer un effet domino, affectant leurs fournisseurs et partenaires, et amplifiant ainsi l’impact économique global.
Des défis pour les grandes entreprises
L’augmentation des défaillances n’a pas épargné les grandes entreprises. En 2024, les défaillances des structures de 50 salariés et plus ont bondi de 27 % par rapport à l’année précédente, atteignant des niveaux comparables à ceux de 2009. Ces entreprises souffrent notamment de l’impossibilité de rembourser leurs prêts garantis par l’État (PGE), mais aussi de problèmes structurels, comme un manque de fonds propres et une faible rentabilité.
Certaines régions, comme l’Île-de-France et les Bouches-du-Rhône, concentrent la majorité des emplois menacés. L’Île-de-France totalise 26 000 emplois en danger, tandis que les Bouches-du-Rhône en comptent 23 000, portés par des défaillances massives comme celle de Milee. Ces chiffres reflètent une crise qui s’étend à l’ensemble du territoire, touchant à la fois les grandes agglomérations et les zones industrielles.
Une vague de défaillances aux conséquences durables
Cette vague de défaillances, bien que prévisible, met en lumière la fragilité du tissu économique français. Si certaines entreprises parviennent à être sauvées, comme Duralex grâce à un projet de société coopérative, la majorité des redressements judiciaires se terminent par une liquidation. Les prévisions pour 2025 ne laissent pas entrevoir d’amélioration notable, laissant craindre un maintien de ces niveaux élevés de défaillances et de pertes d’emplois.
La crise des défaillances d’entreprises en 2024 illustre les défis structurels auxquels fait face l’économie française. Tandis que certaines régions et secteurs tentent de rebondir, les retards de paiement, les dettes accumulées et les mutations économiques continuent de peser sur la reprise. Les solutions, qu’elles soient fiscales ou structurelles, devront être à la hauteur de cette crise historique pour soutenir l’emploi et les entreprises.