Depuis l’interdiction du broyage des poussins mâles en 2023, les producteurs d’œufs et les distributeurs doivent assumer le coût de l’ovosexage. Un accord temporaire avait été trouvé, mais son renouvellement est compromis. Face à l’absence de discussions, les éleveurs haussent le ton et menacent de stopper leurs livraisons aux grandes enseignes.
L’ovosexage est une technologie permettant d’identifier le sexe des embryons avant leur éclosion, évitant ainsi le broyage des poussins mâles. Depuis son interdiction, un accord signé avec les distributeurs imposait une cotisation de 59 centimes pour 100 œufs, représentant environ 50 millions d’euros par an pour soutenir cette transition.
Cet accord expirera le 28 février, et aucune solution de financement n’a encore été actée. Une réunion devait avoir lieu le 19 février pour discuter d’un nouvel arrangement, mais son annulation de dernière minute a provoqué la colère des éleveurs. Ceux-ci accusent les distributeurs de vouloir se désengager financièrement, les forçant à supporter seuls ces coûts estimés à 40 millions d’euros.
Un bras de fer avec Carrefour et Leclerc
Face à cette situation, la Confédération française de l’aviculture (CFA), affiliée à la FNSEA, a appelé à un arrêt des livraisons vers Carrefour et Leclerc, accusant ces enseignes de bloquer les négociations. Cette décision pourrait perturber l’approvisionnement des magasins et causer une hausse des prix pour les consommateurs.
De leur côté, les distributeurs, représentés par la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), rejettent ces accusations. Ils rappellent qu’ils ont déjà versé 81 millions d’euros en deux ans pour l’ovosexage et demandent que toute la filière prenne sa part, y compris les grossistes et autres circuits de distribution.
Un risque de pénurie des œufs dans les rayons
Si les livraisons sont suspendues, une pénurie d’œufs pourrait rapidement toucher les magasins. De plus, les producteurs envisagent de détourner leurs ventes vers l’étranger, notamment vers les États-Unis, où la grippe aviaire a réduit l’offre et fait grimper les prix. Là-bas, les œufs sont désormais vendus presque deux fois plus cher qu’en France, rendant ce marché plus attractif.
Le bras de fer entre les producteurs et les distributeurs semble s’enliser. L’appel au boycott des grandes enseignes est critiqué par la FCD, qui y voit une infraction aux règles de la concurrence. De leur côté, les producteurs refusent de céder aux pressions et demandent un accord garantissant une répartition équitable des coûts.
À quelques jours de l’échéance de l’accord, le blocage persiste. Si aucun compromis n’est trouvé rapidement, la filière avicole pourrait être profondément déstabilisée, avec des répercussions directes sur les éleveurs, les distributeurs et les consommateurs.