La crise du logement atteint un niveau critique, touchant des populations qui parvenaient encore récemment à se loger. La pénurie de logements abordables pousse certains étudiants à vivre dans des conditions précaires, tandis que des familles sont contraintes de postuler pour des HLM faute d’alternative. L’augmentation des loyers et des taux d’intérêt renforce ce blocage du marché.
Depuis 2022, la hausse brutale des taux d’intérêt a rendu l’accession à la propriété plus difficile. De nombreux ménages qui souhaitaient acheter leur premier logement ont dû rester locataires, réduisant ainsi l’offre de logements disponibles à la location. Cette situation, couplée à un ralentissement de la construction neuve, a créé une rareté du logement qui profite aux propriétaires. « Depuis deux mois, je n’ai jamais plus de deux logements à proposer en location, là où j’en avais toujours eu au minimum une dizaine », témoigne Paul Pereira, directeur de deux agences Century 21 en Seine-Saint-Denis, au Monde.
Les étudiants en première ligne de cette crise du logement
Les jeunes sont particulièrement impactés par cette crise. À Bordeaux, un étudiant a été contraint de louer un box de parking faute de trouver un appartement. Cette situation devient courante dans de nombreuses villes où les loyers explosent. À Lyon, une enquête révèle que 20 % des étudiants ayant fait une demande de logement CROUS ont renoncé à étudier dans la ville, faute de logement abordable. De plus en plus de jeunes postulent pour des HLM, un phénomène inédit et révélateur de la gravité de la situation.
Les familles monoparentales sont elles aussi en grande détresse. Entre 2021 et 2024, les demandes de HLM provenant de ces foyers ont augmenté de 22 %. Dans certaines villes, le loyer d’un trois-pièces a bondi de 17,5 % en un an, rendant impossible l’accès au logement pour les revenus modestes. « Il y a encore un an, ces familles parvenaient à se loger dans le parc privé. Aujourd’hui, avec un seul revenu, ce n’est plus possible », constate un agent immobilier auprès de nos confrères du Monde.
Un manque de solutions politiques
Face à cette crise, les annonces gouvernementales restent insuffisantes. En janvier 2025, le Premier ministre François Bayrou a promis la construction de 15.000 logements étudiants par an pendant trois ans, mais ces engagements avaient déjà été pris par le passé sans réel aboutissement. Pendant ce temps, de plus en plus de ménages actifs doivent retarder leurs projets de vie, faute de pouvoir accéder à un logement adapté à leurs besoins.
La pénurie de logements entraîne des inégalités croissantes entre ceux qui peuvent acheter et ceux qui sont contraints à la précarité. 1,3 million de travailleurs vivent encore chez leurs parents, faute de pouvoir se loger seuls. Si aucune solution structurelle n’est trouvée, la crise du logement pourrait bientôt devenir une crise sociale d’ampleur, impactant l’ensemble de la société.