La reprise de l’activité économique après la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont eu pour conséquence la flambée des prix de l’énergie. Le budget des consommateurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels, en a pris un coup. Mais contre toute attente, cette crise énergétique a aussi des conséquences positives.
L’avenir énergétique de la France, une affaire de tous
La crise énergétique a mis la question de l'avenir énergétique de la France au cœur du débat démocratique, impliquant l'ensemble de la population. Les médias ont multiplié les reportages sur le mix énergétique, la sobriété et l'approvisionnement en gaz, suscitant l'intérêt des consommateurs. Les mécanismes de fixation des prix de l'énergie dans l'UE et le fonctionnement des marchés de l'électricité ont été examinés par les médias grand public.
La consultation nationale en ligne sur le mix énergétique, qui s'est déroulée du 20 octobre 2022 au 18 janvier 2023, a reçu 31 355 contributions, démontrant l'intérêt des Français pour cette question cruciale. Ainsi, l'avenir énergétique de la France est devenu une préoccupation partagée par tous, allant au-delà d'une minorité passionnée par le secteur.
L’indépendance énergétique est devenue une priorité
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a entraîné une crise énergétique en Europe, perturbant l'approvisionnement en gaz naturel provenant de la Russie. Les pays européens ont réalisé leur dépendance excessive à l'égard de la Russie pour leur approvisionnement en gaz et ont pris des mesures pour diversifier leurs sources d'approvisionnement, notamment en augmentant les importations de gaz naturel liquéfié américain, ainsi qu'en sollicitant l'Algérie et la Norvège. L'autre conséquence positive de cette crise, c'est la priorisation de l'indépendance énergétique par les dirigeants européens.
La solidarité énergétique européenne s’est renforcée
La priorité donnée à l'indépendance énergétique des États n'a pas empêché un renforcement de la solidarité au sein de l'Union européenne. La solidarité européenne, déjà existante avant la crise, est devenue encore plus cruciale, notamment pour faire face à l'hiver 2022/2023. Cette entraide repose sur les interconnexions qui permettent le transfert d'électricité ou de gaz entre les pays.
Selon le rapport d'activité 2022 de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), sans ces interconnexions renforcées avec l'Espagne, la Belgique, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, et avec le développement continu des interconnexions entre la France et ses voisins, la France aurait fait face à des pénuries plus sévères d'électricité l'hiver dernier. En France, la crise énergétique a été aggravée par le problème de corrosion sous contrainte qui a affecté le parc nucléaire et réduit la production d'électricité, conduisant la France à devenir importatrice nette d'électricité pour la première fois depuis 1980.
Un mouvement favorable à la sobriété énergétique est apparu
Une campagne en faveur de la sobriété énergétique s'est développée en France dès l'été 2022. Face à une perspective tendue d'approvisionnement énergétique pour l'hiver 2022/2023, des messages ont été multipliés pour encourager les consommateurs résidentiels et professionnels à réduire leur consommation. La hausse des prix de l'énergie, bien que ralentie par le bouclier tarifaire, a influencé le comportement des Français dans leur utilisation du gaz et de l'électricité.
La sobriété énergétique a été promue à tous les niveaux, avec la diffusion généralisée du signal Eco-watt informant de l'état du réseau électrique, la sensibilisation des consommateurs à la possibilité de réduire temporairement leur usage en cas de tension sur le réseau et la promotion d'écogestes. À l'instar de la limitation de la température à 19°C, l'aération des logements et l'utilisation des rideaux thermiques. Cette prise de conscience et les mesures d'économie ont été favorisées par la forte augmentation des prix de l'électricité, incitant à réaliser des économies, à effectuer des audits énergétiques et à remplacer les équipements énergivores.
Les énergies renouvelables et bas-carbones ont gagné en crédibilité
L'émergence des énergies renouvelables a gagné en crédibilité grâce aux incertitudes liées à l'approvisionnement en gaz naturel et aux difficultés du parc nucléaire français. En mars 2023, le Comité économique et social européen (CESE) a même publié un communiqué de presse affirmant que les énergies renouvelables étaient la solution à la crise énergétique. L'Union européenne a produit plus d'électricité à partir de sources éoliennes et solaires que de gaz en 2022, ce qui a été salué par l'organisme.
De plus, la croissance des énergies renouvelables a permis de créer de nombreux emplois, avec une projection de 264 000 emplois directs et indirects dans le secteur d'ici 2028, selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER). En France, les problèmes liés au parc nucléaire vieillissant et la dépendance aux importations d'électricité ont également suscité un regain d'intérêt pour l'énergie nucléaire, avec 63 % des Français ayant désormais une image positive du nucléaire, contre seulement 34 % en 2019.