À Paris, le marché à la location est particulièrement tendu. Une situation qui risque de perdurer notamment à cause du recul considérable de l'offre. En un an, le nombre d'annonces de location a baissé de 50 %, indique la plate-forme SeLoger.
Selon Barbara Castillo Rico, responsable des études économiques chez SeLoger, « cette baisse fulgurante est d’abord liée aux difficultés d’accès au crédit et à l’augmentation des taux d’emprunt. Les primo-accédants ne peuvent plus acheter et restent plus longtemps locataires. Il y a donc moins de turn-over qu’avant ». D'autres paramètres spécifiques à la ville de Paris, tels que l'interdiction de location des passoires thermiques, démotivent « certains propriétaires à garder leur bien ou à le louer en longue durée. (Et) avec les Jeux olympiques, certains préfèrent le mettre en location saisonnière », ajoute-t-elle.
De leur côté, les propriétaires refusent d'être désignés comme uniques responsables de cette crise du logement. « On n’est pas responsables de la pénurie exclusivement. C’est tout le système qui est grippé », déplore Sylvain Grataloup, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers. « Si la fiscalité était la même pour la location courte durée que pour la longue durée, ça serait moins décourageant. De la même manière, un abattement plus important quand on loue un appartement rénové serait plus incitatif pour les propriétaires… », estime-t-il.
Il faut rappeler que, le 29 janvier dernier, les députés ont adopté, en première lecture, la loi qui prévoit la réduction du taux d’abattement fiscal dont bénéficient les revenus issus des locations des meublés de tourisme à 30%, contre 71% ou 50% jusque-là respectivement pour les meublés touristiques et les meublés classiques.
Des agences dépassées par le nombre de demandes
Face à cette baisse de l'offre, traiter toutes les demandes devient quasi impossible pour les agences. « Un appartement publié le soir va générer des centaines de mails et d’appels. On aimerait répondre à tout le monde, mais c’est humainement impossible. Du coup, il est fréquent qu’on enlève l’annonce dans la matinée », explique Laurent Da Costa, directeur d’une dizaine d’agences Laforêt à Paris. Une tendance confirmée par Corinne Bérec, vice-présidente de la coopérative Orpi, « Pour un deux-pièces dans le XXe, on a eu 1 174 demandes en une demi-journée », indique-t-elle.
Que faire donc pour les demandeurs ? Les agences Orpi et Laforet leur recommandent de déposer leurs dossiers en main propre. « Le fait de voir la personne est un plus », explique une conseillère en location chez Laforêt. Mais en plus de l'offre qui est en chute libre, les prix des loyers à Paris sont, quant à eux, en nette progression. Selon SeLoger, la hausse est de l'ordre de 4,6 % depuis 2019 avec une augmentation de 3,3% rien qu'en 2023. « Un niveau de loyer jamais atteint sur ces cinq dernières années », indique la plate-forme. Toujours selon cette dernière, le prix du mètre carré à la location a atteint les 30,8 euros dans la capitale française.