Le PDG de Michelin, Florent Menegaux, a alerté le Sénat sur le coût élevé du travail en France et l’écart important entre les charges patronales et le salaire net. Mais les comparaisons avec d’autres pays montrent une réalité plus nuancée.
Devant la commission des Affaires économiques du Sénat, Florent Menegaux a affirmé à France Info que « le coût salarial en France pour l’entreprise est trop élevé et le net perçu par le salarié est trop faible ». Il avance l’exemple suivant : « Pour 100 euros brut versés en France, le coût moyen pour l’entreprise est de 142 euros, et le salarié touche 77,5 euros net. »
Cependant, ces chiffres ne reposent sur aucune source précise, et il n’est pas clair s’il s’agit d’une moyenne nationale ou d’une réalité spécifique à Michelin. L’OCDE, qui publie des rapports détaillés sur le sujet, estime que pour 100 euros brut, le coût total pour une entreprise française est en réalité d’environ 127 euros.
La France, championne des charges patronales
D’après les données de l’OCDE, la France détient le taux de charges patronales le plus élevé des pays développés, atteignant 26,6 % du coût du travail. Elle devance ainsi l’Italie (24 %), la Suède (24 %) et l’Espagne (23,3 %), alors que la moyenne des pays de l’OCDE est de 13,4 %.
Cette charge sociale élevée permet cependant de financer un modèle de protection sociale robuste, incluant la Sécurité sociale, l’assurance chômage et les retraites. Un point qui n’est pas toujours pris en compte lorsqu’on compare le coût du travail d’un pays à un autre.
Coût du travail : comparaison avec d’autres pays
Si l’on regarde le montant total des prélèvements (charges sociales et impôt sur le revenu), la France se place quatrième du classement de l’OCDE avec 47 % de prélèvements sur le coût total du travail. Elle est devancée par la Belgique (52,7 %), l’Allemagne (47,9 %) et l’Autriche (47,5 %).
En revanche, lorsqu’il s’agit de l’impôt et des cotisations salariales prélevés directement sur le salaire brut, la France est sous la moyenne de l’OCDE avec 20,2 %, alors que la moyenne se situe à 21,4 %. Des pays comme le Danemark, l’Allemagne, le Canada et les États-Unis imposent davantage leurs salariés.
Une question de perception et de choix économique
L’idée que le coût du travail en France est « trop élevé » est donc un jugement de valeur qui dépend du modèle social que l’on souhaite privilégier. Certes, les entreprises supportent une charge importante, mais cela leur permet aussi d’évoluer dans un environnement où les dépenses de santé et de retraite sont largement prises en charge par l’État.
Les comparaisons internationales montrent que les écarts de prélèvements ne doivent pas être analysés isolément, mais replacés dans un contexte global incluant le pouvoir d’achat réel, les services publics et les prestations sociales. Une approche qui manque souvent dans les débats sur le coût du travail en France.
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