Le marché des œufs en France traverse une période de forte tension. Dans de nombreux supermarchés, les rayons dédiés aux œufs sont régulièrement vides ou presque vides. Cette pénurie est principalement causée par une demande record, qui a nettement augmenté ces dernières semaines.
Selon Thomas Bartlett, secrétaire général du Snipo (Syndicat national des industriels et producteurs d’œufs), qui s’est exprimé sur Franceinfo « tous les œufs et les types d’élevage sont concernés ». En effet, les Français consomment chaque année en moyenne 224 œufs, soit une augmentation de 24 œufs par rapport à il y a 20 ans. Cette croissance de la demande s’inscrit dans un contexte où les œufs, considérés comme une source de protéine animale moins chère, attirent particulièrement les consommateurs en période d’inflation.
Les causes de la pénurie d’œufs : une demande croissante et des défis de production
La situation actuelle de pénurie touche toutes les régions de la France. L’attrait pour les œufs ne cesse d’augmenter, notamment parce qu’ils représentent une alternative plus accessible comparée à d’autres sources de protéines animales. Thomas Bartlett précise qu’en 2024, la distribution a consommé 300 millions d’œufs de plus qu’en 2023, soit l’équivalent de la production de 1 million de poules pondeuses. Cependant, malgré cette hausse de la demande, la production d’œufs peine à suivre, ce qui crée un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Le secteur fait face à plusieurs défis pour répondre à cette demande accrue. D’abord, il existe un enjeu environnemental important : les consommateurs privilégient de plus en plus les œufs issus d’élevages en plein air, ce qui nécessite des adaptations coûteuses et longues pour les producteurs. « Cela explique pourquoi on n’arrive pas à augmenter autant qu’on voudrait la production », indique Bartlett. En effet, faire passer des élevages en cage vers du plein air prend du temps et nécessite des investissements conséquents.
Il est également important de noter que, contrairement à la situation aux États-Unis, la filière française n’a pas été touchée par la grippe aviaire ces derniers temps, ce qui aurait pu aggraver encore les tensions de production. En conséquence, bien que les prix des œufs restent stables pour le moment, Thomas Bartlett insiste : « Il n’y aura pas de hausse de prix», même si la situation devrait durer plusieurs mois. La filière doit donc trouver des solutions pour augmenter la production et répondre à la demande. Un objectif de 300 nouveaux poulaillers est envisagé dans les années à venir pour combler le manque de production.
Ainsi, bien que la demande d’œufs soit en forte hausse, les producteurs français peinent à s’adapter à cette évolution. Les efforts sont concentrés sur l’extension des capacités de production et l’adaptation aux préférences des consommateurs pour les œufs en plein air. Cependant, cette situation met en évidence un défi majeur pour le secteur, qui devra concilier la hausse de la demande avec la nécessité de transformer les modes d’élevage.