La demande d’œufs a connu une forte hausse ces derniers mois, entraînant des tensions d’approvisionnement dans certains supermarchés français. Cette situation résulte de plusieurs facteurs, dont l’évolution des habitudes des consommateurs et les effets de l’inflation.
Cependant, la filière assure qu’il n’y a pas de pénurie, bien que des difficultés persistent dans certaines régions. Les Français achètent de plus en plus d’œufs. Au premier trimestre 2025, les achats d’œufs ont augmenté de 4,2 % par rapport à l’année précédente, toutes catégories d’élevages confondues, selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO).
Cette tendance a été confirmée par Thomas Bartlett, secrétaire général du Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (Snipo), qui indique que 2 millions d’œufs supplémentaires ont été vendus sur les neuf premiers mois de 2025 par rapport à 2024. En moyenne, chaque Français a consommé 226 œufs en 2024, soit une hausse de 4,7 % par rapport à 2023.
Une demande sur les œufs en forte augmentation
La demande croissante s’explique par plusieurs facteurs. L’œuf est une source de protéine animale peu coûteuse, particulièrement prisée face à la flambée des prix des autres produits alimentaires. Selon Alice Richard, directrice du CNPO, l’inflation a conduit les ménages à se tourner vers l’œuf, notamment dans un contexte où 12 % des Français ont dû restreindre leurs achats de viande et de poisson.
Malgré l’augmentation de la consommation, la production d’œufs en France est restée stable, voire en légère hausse, assure Thomas Bartlett. Le problème d’approvisionnement observé dans certains supermarchés ne découle donc pas d’une baisse de production. En mai 2025, Alice Richard avait déjà précisé que, bien qu’il y ait des « tensions », la France ne fait face à aucune pénurie d’œufs, soulignant que la production nationale reste suffisante.
Le problème réside davantage dans les contraintes liées à l’augmentation de la production. Selon les experts, augmenter la production d’œufs est complexe et nécessite des investissements lourds. En effet, la mise en place de nouveaux poulaillers, en particulier après la transition vers des modes d’élevage alternatifs ou en plein air, prend du temps. Il faut en moyenne deux ans pour qu’un projet de poulailler soit opérationnel, dont un an consacré aux démarches administratives.
En plus des défis liés à la production, la filière des œufs en France fait face à une concurrence accrue, notamment de pays comme l’Ukraine. Le CNPO dénonce régulièrement la commercialisation d’œufs produits dans des conditions différentes de celles requises en France, comme les œufs issus de poules élevées en cages. Ce phénomène est perçu comme une « concurrence déloyale » qui complique encore davantage le marché des œufs en France.
La filière française met donc en place des initiatives pour augmenter la production nationale, comme la création de 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030. Toutefois, cette démarche sera un processus long et nécessitera de surmonter plusieurs obstacles, dont la concurrence étrangère et les contraintes administratives.








