La nouvelle guerre commerciale initiée par Donald Trump avec l’augmentation des droits de douane sur les importations européennes suscite des inquiétudes sur les prix à la consommation.
Depuis samedi, une taxe additionnelle de 10 % frappe tous les biens entrant aux États-Unis, et une majoration de 20 % est prévue dès mercredi pour les produits européens. Face à cette mesure, l’Union européenne prépare une riposte économique. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a déclaré sur BFMTV/RMC que « la riposte peut être très vigoureuse et il ne faut pas qu’on riposte exactement avec les mêmes armes parce que si on fait comme les États-Unis (…), on va avoir aussi un effet négatif en Europe », citant notamment une potentielle «inflation et baisse de la croissance ».
L’inflation dans la zone euro est actuellement sous contrôle, autour de 2 %, et même inférieure en France. Toutefois, l’impact de cette guerre tarifaire pourrait inverser la tendance. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a rappelé sur France Inter que les incertitudes économiques restaient fortes : « Malheureusement, on est soumis à des tas d’incertitudes et quand M. Trump décide tout d’un coup d’augmenter les taux de 25 % sur le secteur automobile ou décide la réciprocité qui s’appliquera à partir du 2 avril, nécessairement, ça induit des changements ».
Une réponse européenne ciblée pour limiter l’impact des droits de douane américains sur les consommateurs
Malgré les tensions, certains économistes estiment que l’impact immédiat sur les prix restera contenu. Christopher Dembik, stratégiste chez Pictet AM, a souligné sur BFMTV que l’effet devrait être « très limité sur l’économie réelle à l’instant T », en ajoutant : « Souvent, on met en avant le fait que protectionnisme et guerre tarifaire vont créer un sursaut d’inflation. Certes, c’est le cas mais ce sera plus du côté américain que du côté européen ». Selon lui, « pour les consommateurs européens, on est sur une inflation proche de 2 % et ça devrait rester à ce niveau-là ».
Néanmoins, certains produits pourraient voir leurs prix grimper s’il n’existe pas d’alternative locale. Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, souligne que « pour les biens que l’UE sera obligée de continuer à acheter aux États-Unis par manque de produits similaires locaux ou provenant d’ailleurs, cela va augmenter les prix pour les consommateurs européens ».
Les ministres européens du Commerce, réunis à Luxembourg, travaillent à une réponse coordonnée. Laurent Saint-Martin a affirmé que « la boîte à outils européenne (…) est très complète et (…) peut être extrêmement agressive également en retour ». L’Union pourrait donc éviter de cibler les biens essentiels afin de minimiser les effets sur le pouvoir d’achat. Des mesures alternatives comme lors du précédent mandat de Donald Trump sont également envisagées.