Congés payés : une décision de la Cour de cassation bouleverse le calcul des heures supplémentaires

Les congés payés doivent désormais être pris en compte dans le calcul des heures supplémentaires, selon une nouvelle décision de la Cour de cassation.

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Jours de fractionnement
Jours de fractionnement : le congé « bonus » que les salariés oublient de demander - Crédit : CGT | Econostrum.info

La Cour de cassation a ouvert un nouveau chapitre dans le droit du travail français. En statuant sur le calcul des heures supplémentaires, elle modifie directement la façon dont congés et temps de travail doivent être pris en compte. Cette évolution, saluée par certains, inquiète déjà de nombreux employeurs.

Jusqu’à présent, lorsqu’un salarié posait plusieurs jours de congé sur une semaine de travail, les heures effectuées pendant les jours restants étaient seules prises en compte pour déclencher le seuil des 35 heures. Concrètement, si un salarié travaillait deux jours seulement et prenait trois jours de congés, il lui fallait atteindre 35 heures sur ces deux jours pour espérer déclencher des heures supplémentaires, ce qui relevait de l’impossible.

Désormais, chaque jour de congé payé est assimilé à sept heures de travail effectif dans une semaine de 35 heures. Les jours de congés sont donc intégrés dans le calcul hebdomadaire, ce qui facilite beaucoup plus le déclenchement des heures supplémentaires.

Une mise en conformité avec le droit européen

La décision s’appuie sur le droit européen, qui interdit toute mesure susceptible de dissuader un salarié de prendre ses congés. Pour la Cour de cassation, ne pas comptabiliser ces jours créait une forme de barrière psychologique : certains salariés pouvaient hésiter à poser des congés pour ne pas réduire leurs chances de bénéficier d’heures supplémentaires. En intégrant les congés au calcul, la haute juridiction entend garantir que le droit aux vacances reste effectif, sans perte d’avantage pour le salarié.

Cette évolution va avoir des conséquences concrètes pour les entreprises. Les logiciels de paie devront être adaptés afin de comptabiliser automatiquement les jours de congés comme des jours travaillés pour le calcul des heures supplémentaires. Cela représente un changement technique et organisationnel qui risque de peser particulièrement sur les petites structures.

Le Syndicat des indépendants et TPE (SDI) a d’ores et déjà dénoncé cette décision, parlant d’un risque de frein à l’embauche pour les artisans, commerçants et dirigeants de très petites entreprises. Selon eux, cette nouvelle règle accroît la complexité administrative et pourrait renchérir le coût du travail.

Une décision qui s’ajoute à d’autres évolutions récentes touchant les congés payés

Cette décision intervient dans un climat déjà tendu autour du droit du travail. La veille, la Cour de cassation avait déjà marqué les esprits en validant le report des congés payés en cas de maladie, une autre mesure critiquée par le patronat. Pour les entreprises, ces évolutions successives traduisent une tendance à renforcer les droits des salariés au détriment, selon elles, de la souplesse de gestion.

Si cette nouvelle règle constitue une avancée pour les salariés, elle illustre aussi les frictions persistantes entre droit social européen et contraintes économiques des employeurs. Reste désormais à voir comment les entreprises vont absorber ce changement et dans quelle mesure il influencera, à terme, les pratiques en matière de gestion du temps de travail.

 

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