Carlos Tavares, le PDG du groupe Stellantis, s’est exprimé mercredi au micro de France Inter et a évoqué l’ « invasion » de la concurrence chinoise sur le marché automobile électrique européen. Il a également accusé l’Union européenne d’être responsable de ce phénomène qui finira par nuire au Vieux continent.
L’Union européenne ouvra grand les bras à la concurrence chinoise sur le marché des voitures électriques. Le PDG de Stellantis s’est ainsi engagé dans une bataille féroce contre BYD, Nio ou Xpeng. Ces derniers envahissent le marché européen avec des modèles qui coûtent 25% moins chers que ceux fabriqués en Europe. « Nous sommes confrontés à une offensive des constructeurs chinois extrêmement puissante », constate Carlos Tavares.
Le directeur de la maison mère de Peugeot, fondée en 2021, à la suite de la fusion entre les groupes PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler Automobiles, impuissant face à l’augmentation considérable des importations de véhicules asiatiques. Et pour cause, en 2021, ce sont pas moins de 500.000 véhicules qui sont entrés en Europe en provenance de Chine. Ce qui représente une hausse de 153% (chiffres de septembre dernier de l’Association des constructeurs européens d’automobiles).
Il faut savoir que la Chine est en tête en ce qui concerne l’électrification des flottes automobiles, avec 5,67 millions de véhicules électriques (78 %) et hybrides (22 %) vendus en 2022. En 2023, la marque BYD prend même la première place devant Tesla, avec 35 % de parts de marché mondial. La concurrence chinoise semble donc bien positionnée pour répondre aux besoins européens, d’autant plus que les voitures neuves fonctionnant à l’essence ou au diesel seront interdites dans l’UE d’ici 2035.
Stellantis délocalise la production de la Peugeot e-208
C’est dans ce contexte que le PDG de Stellantis prévient : « Il faut être dogmatique. Pour faire face à cette invasion, il faut utiliser les mêmes armes que nos concurrents et ne pas hésiter à établir des partenariats stratégiques, y compris en Europe pour obtenir des coûts plus compétitifs. Dans tous les cas, si on ne s’en donne pas les moyens, d’une manière ou d’une autre, la société européenne en pâtira. »
Dans le même sillage, Carlos Tavares a annoncé l’arrivée de la Citroën C3 électrique à moins de 25 000 euros l’année prochaine. Il a aussi confirmé la délocalisation de la production de la Peugeot e-208 en Espagne malgré les tentatives de rapatriement en France. Tavares a justifié cette décision en évoquant la concurrence chinoise et les coûts élevés en France. En effet, les disparités du coût horaire dans l’Union européenne génèrent une forte concurrence, avec 7 euros en Slovaquie, 24 euros en Espagne et 40 euros en France.
Au fil des décennies, Peugeot et Citroën, marques françaises du groupe Stellantis, ont largement délocalisé leur production, surtout pour les véhicules d’entrée de gamme. La production en France a baissé à 678 400 voitures en 2022, comparée à plus d’un million avant la pandémie de la Covid-19. Malgré cela, Stellantis investira dans ses usines françaises pour produire douze modèles électriques, principalement des SUV. L’industriel souligne que l’attention envers l’industrie européenne a augmenté face aux conséquences de la globalisation. Cependant, il estime que c’est le « modèle de société européen » qui doit être remis en question, et non la stratégie de Stellantis.
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