La balance commerciale de la France a enregistré une amélioration sur l’année 2023 même si elle reste déficitaire de 99,6 milliards. Mais ce n’est là qu’un retour à la normale, nuancent des experts, après une conjoncture très difficile, marquée en 2022, par une hausse généralisée des prix du secteur de l’énergie.
D’après les chiffres publiés par les services des douanes, mercredi 7 février, le solde de la balance commerciale de la France sur les échanges de biens pour l’année 2023 est déficitaire de 99,6 milliards d’euros. La balance reste ainsi négative, mais en nette amélioration par rapport à l’année 2022. En effet, en 2022, le déficit avait atteint un record historique de 162,7 milliards d’euros.
Ce chiffre était expliqué par les valeurs des exportations qui ont bondé de manière fulgurante, notamment dans le domaine de l’énergie, dont les prix du pétrole et du gaz avaient explosé suite à l’éclatement de la guerre en Ukraine. La crise, enregistrée en matière d’électricité et qui a contraint à l’importation de cette énergie, avait également impacté la facture globale des importations. En 2023, les choses se sont tout de même sensiblement améliorées, même si la facture des importations reste toujours salée.
Une amélioration induite par la réduction des montants des importations hydrocarbures
Ainsi, au cours des douze derniers mois, les importations ont diminué de quelque 63 milliards d’euros. Une amélioration enregistrée suite aux baisses qui ont marqué les valeurs des importations énergétiques avec le retour progressif du marché mondial à la normale, malgré la persistance de certaines tensions jusqu’à cette entame de 2024. En 2023, ce fut, en effet, une année qui a vu le prix du baril de pétrole revenir à une moyenne de près de 80 dollars après avoir culminé, durant la flambée enregistrée, à des sommets de plus de 100 dollars durant l’année 2022.
La courbe des tarifs, et partant de la valeur des importations du gaz, a été de la même tendance également. Ce qui a fait que le déficit sur les hydrocarbures a été réduit de manière significative d’une valeur de 25,5 milliards d’euros. À titre d’exemple, la France a gagné, en 2023, près de 8,6 milliards sur les importations de pétrole raffiné, détaillent nos confrères du Figaro. Aussi, avec le renouvellement du parc nucléaire et la relance de la production de l’électricité, qui a permis à la France de redevenir exportatrice, le solde de cette énergie passe au positif avec un excédent de 11,3 milliards d’euros.
Comment parvenir à une amélioration structurelle de la balance
En définitive, « le solde des biens énergétiques s’est amélioré de quelque 46,6 milliards, soit 70% de la hausse du solde de l’ensemble pour 2023 ». Par ailleurs, « le solde hors énergie reste stable depuis 2021, soulignant le rôle des prix de l'énergie dans la dégradation du solde commercial français en 2022 », remarque Stéphane Colliac, économiste senior chez BNP Paribas.
Globalement, cette réduction du déficit de la balance est donc loin d’être l’aboutissement d’une amélioration structurelle de cette dernière, mettent en garde les experts. Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Asterès, cité par la même source, avance son explication sur ce déficit chronique : « C'est dans la baisse de la production manufacturière française que se trouve la source du déficit commercial, qui n'est pas un problème en tant que tel (la balance des paiements n'est que faiblement déficitaire), mais l'incarnation des difficultés de l'industrie », analyse-t-il.
