La définition de la classe moyenne reste floue pour une grande partie des Français. Ressentie comme une position intermédiaire entre précarité et aisance, elle recouvre pourtant des réalités économiques très différentes selon les situations. L’Observatoire des inégalités propose une lecture plus précise de cette catégorie à travers une série de seuils de revenus.
Souvent présentée comme un pilier de la société, la classe moyenne regroupe un grand nombre de ménages, mais sa délimitation reste incertaine. Contrairement à une idée répandue, il ne suffit pas de se situer entre deux extrêmes pour en faire partie. Le ressenti individuel, influencé par les habitudes de consommation, le niveau de vie perçu ou encore la situation géographique, ne suffit pas à définir objectivement ce statut. Le contexte économique actuel, marqué par la hausse des prix et la stagnation des salaires, renforce cette confusion.
Une méthodologie fondée sur les données de l’Insee
Pour clarifier les choses, l’Observatoire des inégalités s’appuie sur les données publiées par l’Insee en 2022. L’analyse repose sur une lecture en déciles, qui permet de situer les différents niveaux de revenus dans la population. Selon cette approche, la classe moyenne se situe entre les 30 % de ménages les plus modestes et les 20 % les plus riches. Ce découpage exclut les extrêmes afin de mieux cerner le quotidien des Français qui ne bénéficient ni d’un confort financier marqué, ni de prestations sociales renforcées.
Une personne seule est considérée comme faisant partie de la classe moyenne si son revenu mensuel se situe entre 1 600 et 2 900 euros. En dessous de 1 000 euros, elle est en situation de pauvreté, tandis qu’au-delà de 4 000 euros, elle entre dans la catégorie des revenus élevés. Pour un couple sans enfant, le foyer entre dans la classe moyenne à partir de 2 400 euros nets et jusqu’à 4 400 euros.
En dessous de 1 500 euros, il est considéré comme pauvre, au-dessus de 6 000 euros, comme aisé. Dans le cas d’un couple avec deux enfants de plus de 14 ans, les seuils sont naturellement plus élevés. Ce type de foyer est considéré comme pauvre en dessous de 2 500 euros par mois, dans la classe moyenne entre 4 000 et 7 400 euros, et considéré comme riche au-delà de 10 100 euros de revenus mensuels.
La classe moyenne ne se définit pas uniquement avec le revenu
Ces données rappellent que le revenu seul ne suffit pas à qualifier une situation économique. La structure du foyer, les dépenses fixes, le coût du logement, mais aussi le lieu de résidence modifient largement la perception du niveau de vie. Une personne vivant seule à Paris avec 2 000 euros par mois ne se situe pas dans la même réalité économique qu’un couple en zone rurale avec le même revenu.
Ce cadrage permet d’affiner les politiques publiques, notamment en période d’inflation où les couches intermédiaires sont de plus en plus exposées à une dégradation de leur niveau de vie. Identifier avec précision les contours de la classe moyenne aide à concevoir des dispositifs plus ciblés, qu’il s’agisse de fiscalité, d’aides ou de tarifications sociales. Il s’agit aussi d’éviter une bascule vers la précarité pour ces ménages qui, sans être les plus pauvres, sont loin d’être à l’abri.
