L’Insee a publié les chiffres du chômage pour la fin de l’année 2024, montrant une légère baisse du taux national. Derrière cette diminution, d’autres indicateurs révèlent une dynamique plus contrastée du marché du travail, avec un nombre croissant de personnes en situation précaire.
Un recul limité du chômage dans un contexte économique incertain
Le taux de chômage en France métropolitaine (hors Mayotte), mesuré selon les critères du Bureau international du travail (BIT), a atteint 7,3 % au quatrième trimestre 2024, en baisse de 0,1 point par rapport au trimestre précédent. Cette diminution correspond à 63 000 demandeurs d’emploi en moins, portant le nombre total de chômeurs à 2,3 millions de personnes.
Ce niveau reste relativement bas, proche des 7,1 % enregistrés au dernier trimestre de 2022 et au premier trimestre de 2023, soit le taux le plus faible observé depuis 40 ans. Toutefois, il demeure supérieur de 3,2 points au pic atteint en 2015, période marquée par un chômage dépassant les 10 %.
Une augmentation du halo du chômage et une précarisation du marché du travail
Si le chômage officiel recule légèrement, un autre indicateur inquiète les experts : le halo autour du chômage. Ce terme désigne les personnes inactives souhaitant travailler mais qui ne remplissent pas les critères pour être considérées comme chômeurs (par exemple, celles qui ne recherchent pas activement un emploi ou ne sont pas immédiatement disponibles).
Ce halo a progressé de 138 000 personnes en trois mois, atteignant 2 millions de personnes, soit une augmentation de 93 000 sur un an. Cette hausse concerne en particulier les jeunes en fin d’études, qui peinent à intégrer le marché du travail. Par ailleurs, la part des jeunes ni en emploi, ni en formation a rebondi de 0,7 point, s’élevant désormais à 12,8 %.
Un marché du travail en ralentissement
L’emploi salarié dans le secteur privé montre des signes d’essoufflement. Après une période de croissance entre 2021 et 2023, les créations d’emplois ont stagné en 2024. Le dernier trimestre de l’année a même enregistré une baisse de 0,2 %, soit la destruction de 50 100 postes.
L’intérim, souvent considéré comme un indicateur avancé du marché du travail, a également reculé de 1,9 %, avec 14 000 emplois supprimés. Ces chiffres traduisent une dégradation progressive de la situation de l’emploi en France, malgré une stabilisation du taux de chômage.
Des prévisions en demi-teinte pour 2025
Malgré la baisse enregistrée en 2024, plusieurs organismes anticipent une remontée du chômage en 2025, rapporte Europe 1. Selon les projections de l’Insee, le taux de chômage pourrait atteindre 7,6 % à la mi-2025. La Banque de France estime quant à elle que le chômage pourrait osciller entre 7,5 % et 8 % en 2025-2026, tandis que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoit une montée du taux autour de 8 % d’ici fin 2025.
Ces prévisions sont justifiées par le ralentissement économique et les incertitudes sur l’évolution du marché de l’emploi, notamment dans les secteurs les plus touchés par la conjoncture, comme l’industrie et les services.
Si le taux de chômage a reculé de 0,1 point au quatrième trimestre 2024, cette baisse masque une réalité plus contrastée. La hausse du halo du chômage, le recul de l’intérim et la stagnation de l’emploi salarié signalent des tensions persistantes sur le marché du travail. Alors que 2025 pourrait marquer un tournant avec une hausse annoncée du chômage, la situation des travailleurs précaires reste un enjeu majeur pour les prochains mois.