Depuis plusieurs jours, les agriculteurs multiplient les actions de protestation pour attirer l’attention du gouvernement. Ils ont remis sur la table le dossier des centrales d’achat de la grande distribution délocalisées ailleurs dans le Vieux Continent. Une pratique qui vise à réduire les prix en détourant la loi.
Pour les agriculteurs, il est tout simplement difficile de rivaliser avec la puissance des distributeurs. « On a plein de réglementations différentes à respecter et qui parfois se contredisent. La difficulté, c’est qu’il y a en face des gens organisés et structurés juridiquement face à nous pour contourner ces règles », déplore Pierre Bot, céréalier et maraîcher en Essonne pour TF1.
De leur côté, certains industriels français pointent du doigt ces centrales d’achat qui mettent à mal les agriculteurs. « C’est un enjeu fondamental. Une négociation totalement libéralisée pourrait mettre une pression sur l’industrie qui créerait une difficulté à continuer à produire en France et même acheter les produits agricoles en France », explique Me Nicolas Genty, avocat et expert en négociations commerciales. De son côté, le chef de l’État a rappelé, le 1ᵉʳ février dernier, l’importance de s’assurer qu’il n’y ait pas « au niveau de l’Europe un contournement » de la loi « par les grandes centrales d’achat européennes ».
Les centrales d’achat pointées du doigt
Selon TF1, trois groupes français ont recours aux centrales d’achats. Il s’agit de Carrefour (avec Eureca en Espagne), Système U (avec Everest aux Pays-Bas) et Leclerc (avec Eurelec en Belgique). Comme l’explique TF1, ces groupes français s’allient avec leurs homologues européens pour regrouper leurs achats qu’ils effectuent chez des grossistes sur lesquels la loi Egalim ne s’applique pas. Une méthode pour détourner la législation française qui ne passe pas, particulièrement auprès des agriculteurs.
Contacté par TF1, le groupe Leclerc n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. En revanche, le patron de Système U a, quant à lui, accepté de se prêter au jeu. « On se met avec des Allemands, des Hollandais, pour mettre nos volumes d’achat ensemble et avoir du poids face à Coca-Cola et autres… en respectant les éléments d’Egalim », a-t-il expliqué à TF1. Lors d’un précédent passage sur BFMTV et RMC, Dominique Schelcher avait déjà contesté « formellement toute volonté de détourner la loi française ». « Dans le contrat qu’on signe avec les industriels, qui ne sont que les gros industriels… on écrit qu’on s’engage à respecter les éléments essentiels de la loi Egalim, c’est-à-dire la part de matière première agricole et les clauses d’indexation », s’était-il défendu.
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