Face à la précarité alimentaire et aux difficultés croissantes d’accès à une nourriture de qualité, le groupe écologiste à l’Assemblée nationale propose une carte vitale alimentaire. Ce dispositif, qui doit être examiné le 20 février, prévoit de créditer chaque mois 150 € à tous les citoyens pour financer leurs achats alimentaires.
Expérimentée sur cinq ans, cette initiative vise à garantir une sécurité sociale alimentaire, tout en soutenant une production plus locale et durable. Contrairement aux dispositifs d’aides alimentaires classiques, cette carte vitale alimentaire ne serait pas réservée aux ménages en difficulté. Le député Boris Tavernier, défenseur de cette mesure, a affirmé lors d’une conférence de presse le mardi 18 février que tous les citoyens pourraient en bénéficier, quels que soient leurs revenus.
Cette initiative permettrait à chacun de mieux choisir son alimentation en privilégiant des produits de qualité tout en garantissant aux agriculteurs une meilleure rémunération. L’objectif est donc double : lutter contre la précarité alimentaire et soutenir les circuits courts pour encourager une agriculture locale et responsable.
Des achats encadrés pour privilégier les produits sains
Les 150 € mensuels ne pourraient pas être dépensés librement dans tous les commerces. Cette carte serait limitée à l’achat de produits alimentaires considérés comme bons pour la santé. L’accent serait mis sur les produits issus de l’agriculture locale, et certaines restrictions pourraient s’appliquer aux articles ultra-transformés ou importés.
Les bénéficiaires ne pourraient utiliser cette carte que dans des enseignes et points de vente agréés, sélectionnés selon des critères établis démocratiquement.
Le financement de la carte vitale alimentaire est partagé entre État et citoyens
Pour financer cette carte vitale alimentaire, le modèle proposé repose sur une contribution partagée. La moitié des fonds proviendrait de financements publics, tandis qu’un quart serait pris en charge par les collectivités territoriales et le dernier quart par une cotisation citoyenne volontaire, comme l’indique RTL.
Ce principe s’inspire des caisses alimentaires locales, déjà présentes dans une quarantaine de territoires en France. Ces structures permettent aux citoyens d’acheter leurs denrées via un système de cotisations mutualisées. Le projet vise donc à étendre et structurer ces initiatives à l’échelle nationale, en créant un fonds unique dédié à la sécurité sociale alimentaire.
Une expérimentation qui suscite le débat
Cette proposition de loi soulève plusieurs interrogations. Son coût pour l’État et les collectivités locales est l’une des premières préoccupations. La mise en place logistique, notamment pour sélectionner les commerces partenaires et encadrer les produits éligibles, reste également un défi. L’efficacité réelle de ce dispositif pour améliorer l’alimentation des ménages et soutenir les producteurs fait encore débat.
Si le projet est adopté, cette expérimentation de cinq ans pourrait constituer une première étape vers une refonte du modèle alimentaire français. En associant justice sociale et transition écologique, elle pourrait répondre à la fois aux besoins des consommateurs et aux défis du monde agricole. Il reste à voir si cette initiative obtiendra le soutien nécessaire à l’Assemblée nationale pour devenir réalité.