Le paiement par carte bancaire induit des frais de transaction pour les commerçants. Ces coûts, habituellement minimes, sont en augmentation depuis quelques mois. La hausse impacte à son tour le prix payé par le consommateur et participe à l'inflation qui sévit depuis des mois en France.
Les réseaux américains ont la cote en France
En France, les réseaux américains Visa et Mastercard sont de plus en plus populaires, au détriment du réseau Cartes Bancaires. Cette tendance à la hausse inquiète les commerçants, car elle pourrait entraîner une majoration des frais de transaction associés aux paiements par carte. La progression continue de ces coûts soulève également des préoccupations quant à sa répercussion sur les prix à la consommation.
Système U a révélé les chiffres relatifs à l'utilisation des cartes bancaires en fonction de leur provenance. Il y a trois ans, 97 % des paiements par carte transitaient par le réseau Cartes Bancaires et seulement 3 % par les réseaux Visa et Mastercard. Ces chiffres ont radicalement changé aujourd'hui. Au total, quatre groupes français expriment leur mécontentement et dénoncent la position dont jouissent les réseaux de paiement électronique d'origine américaine. Il s'agit de :
- La SNCF, leader du ferroviaire
- Système U et Auchan, géants de la grande distribution
- Cdiscount, leader du commerce en ligne
Ces quatre groupes reprochent à Visa et Mastercard l'augmentation de leurs frais de transaction et les accusent de mettre en danger les commerces traditionnels.
Le poids du réseau Cartes Bancaires baisse à vue d'oeil par rapport aux réseaux américains Visa et MasterCard, qui gagnent du terrain en France. Les grandes enseignes s'inquiètent de voir leurs frais associés au paiement par carte augmenter. Une... https://t.co/BAz8ByCYJM
— Les Echos (@LesEchos) June 23, 2023
Les risques de la hausse des paiements par carte bancaire
Lorsqu'un consommateur paye par carte bancaire, le commerçant doit reverser des frais de transaction au réseau concerné. Ces frais sont fixés de manière libre par les réseaux et viennent s'ajouter à la commission d'interchange, laquelle est plafonnée par la législation européenne. L'importante hausse de ces frais de transaction menace ainsi aussi bien les commerces traditionnels que les consommateurs français.
Elle pourrait signifier, pour les commerçants, une flambée des coûts de production. Cela est particulièrement vrai dans le cas de produits et de services à faible marge. Cette augmentation des coûts pourrait donc impacter de manière directe le prix final payé par le consommateur, puisque les commerçants pourraient être tentés de répercuter la hausse des frais de transaction sur leur prix de vente. Dans certains scenarios, les commerçants pourraient recourir à la limitation de leur activité, voire à réduire leurs effectifs. Cela représente donc une potentielle menace sur l'emploi en France.
Quelles solutions ?
Il existe plusieurs pistes à explorer pour éviter la dégradation de la situation. Une intervention au niveau européen pourrait s'avérer efficace. En effet, les autorités européennes de régulation financière ont le pouvoir de réduire les frais de réseau, tels que de la commission d'interchange.
Encourager la concurrence pourrait également être une stratégie bénéfique. L'avènement de nouveaux acteurs financiers, tels que fintechs et les néobanques, pourrait participer à faire baisser les tarifs de transaction appliqués par les banques traditionnelles. Le marché s'autorégulerait, dès lors, de manière naturelle et exercerait une pression à la baisse sur les frais de transaction. Enfin, les paiements mobiles et les cryptomonnaies pourraient aussi juguler cette tendance.