Les ONG Bloom et Foodwatch ont porté plainte contre Carrefour, accusant le géant de la distribution de ne pas respecter son devoir de vigilance en matière de pratiques durables et éthiques dans sa filière thonière. Les deux organisations soulignent des défaillances importantes, notamment concernant l’impact environnemental et la sécurité des consommateurs.
Les accusations des ONG sont multiples. Tout d’abord, elles reprochent à Carrefour de ne pas interdire certaines pratiques de pêche destructrices, notamment l’utilisation de dispositifs de concentration de poissons (DCP). Ces dispositifs, souvent utilisés dans la pêche au thon, provoquent la surexploitation des populations de thons et la capture accidentelle d’animaux marins non ciblés, comme les requins et les tortues.
De plus, les ONG dénoncent le taux de mercure élevé dans les conserves de thon proposées par Carrefour, mettant en danger la santé des consommateurs, notamment les femmes enceintes et les enfants. Enfin, les ONG pointent l’absence de garanties sur l’absence d’abus de droits humains dans la chaîne d’approvisionnement du thon, en particulier sur les navires thoniers, où des violations des droits des travailleurs sont fréquentes.
Une action légale après plusieurs mises en demeure
Selon La Tribune, la décision de porter Carrefour devant la justice fait suite à plusieurs mises en demeure sans réponse satisfaisante de la part du distributeur. En novembre 2023, puis en avril 2024, Bloom et Foodwatch ont alerté Carrefour sur ces manquements. Malgré des engagements officiels en faveur de pratiques durables, les ONG constatent que les mesures mises en place par Carrefour sont insuffisantes et manquent de transparence.
Elles soulignent que le distributeur a souvent agi de manière évitante, utilisant des termes flous et maintenant une opacité qui empêche toute véritable action concrète. En conséquence, les ONG ont décidé de saisir le tribunal judiciaire de Paris pour que Carrefour soit contraint de respecter ses obligations légales en vertu de la loi sur le devoir de vigilance, adoptée en 2017.
Carrefour réagit et conteste les accusations
En réponse à cette attaque juridique, Carrefour a fermement rejeté les accusations des ONG. L’enseigne affirme que ses pratiques sont transparentes et que toutes les informations concernant sa filière thonière sont accessibles à travers son site internet. Carrefour défend son engagement pour une pêche durable, contestant les demandes de Bloom et Foodwatch qui, selon l’entreprise, souhaiteraient une interdiction totale de la vente de thon, ce que Carrefour considère comme une position non réaliste et malhonnête envers les consommateurs.
Les ONG espèrent que cette action judiciaire obligera Carrefour, et à travers lui, l’ensemble des grands distributeurs, à revoir leur modèle et à adopter des pratiques plus responsables. Carrefour, en tant que septième distributeur mondial, a une influence considérable dans le secteur de la grande distribution et pourrait, selon les ONG, être un moteur de changement dans la filière thonière. En agissant ainsi, elles espèrent non seulement provoquer une prise de conscience chez les concurrents, mais aussi inciter les agro-industriels à adopter des normes plus strictes.
Les accusations portées contre Carrefour sur sa filière thonière soulignent l’importance de la responsabilité sociale des entreprises. À travers cette action en justice, Bloom et Foodwatch cherchent à inciter le distributeur à prendre des mesures concrètes et transparentes pour garantir une pêche durable, respectueuse de l’environnement et des droits humains. Cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes non seulement pour Carrefour, mais aussi pour l’ensemble du secteur de la grande distribution, incitant à une plus grande rigueur et à des pratiques plus éthiques dans la gestion de la filière thonière.