De plus en plus de conducteurs français profitent d’une faille dans le système des stations-service suisses pour faire le plein de carburant sans payer. Cette pratique, bien qu’encore discrète, soulève des questions sur la gestion de ces stations et les conséquences de cette fraude pour l’économie locale.
Le phénomène se déroule principalement dans les stations-service suisses situées près des frontières françaises. Certaines de ces stations ne demandent pas de prépaiement avant que le carburant ne soit dispensé. Cette politique permet à des conducteurs venus de France de faire le plein et de repartir sans avoir réglé la somme due. Selon un reportage de Ouest France, cette faille est exploitée par un nombre croissant de Français. 24 Heures, un média suisse, indique que certains conducteurs pratiquent cette fraude de manière régulière, réalisant jusqu’à quatre allers-retours par semaine pour maximiser le bénéfice tiré de cette méthode.
Le montant des pertes pour les stations-service suisses, en raison de cette fraude, est estimé à cinq millions d’euros par an. Ce chiffre prend en compte les incidents répétés et l’ampleur du phénomène dans les zones frontalières. Si cette fraude reste discrète, elle représente cependant une source de revenus non perçus pour les entreprises exploitant ces stations.
Les difficultés rencontrées par les stations-service suisses
Les stations-service en Suisse sont conscientes de ce phénomène. Socar, l’un des grands réseaux de stations-service en Suisse, a reconnu qu’elles étaient confrontées à des cas isolés de vol de carburant. Un porte-parole du réseau a précisé : « Comme tous les exploitants, nous sommes confrontés dans toute la Suisse à certains cas isolés de vol de carburant. Nous agissons sans relâche contre ces comportements avec l’aide d’un partenaire spécialisé », rapporte La Dépêche. Cependant, la mise en place de mesures pour stopper ces fraudes s’avère difficile, car les fraudeurs, souvent des automobilistes résidant en France, profitent de la difficulté de récupérer les montants dus lorsque ceux-ci résident dans un pays voisin.
Les stations-service ont également du mal à suivre les véhicules responsables de ces fraudes. Bien que les caméras de surveillance identifient les plaques d’immatriculation, le processus pour récupérer les sommes dues est plus compliqué lorsqu’il s’agit de conducteurs étrangers. Beppo, un responsable de la société de recouvrement, a ajouté : « Il est plus difficile de récupérer les montants dus par des ressortissants domiciliés dans les pays voisins ». Ces difficultés légales rendent la fraude encore plus facile à réaliser pour les conducteurs qui traversent fréquemment la frontière.
Malgré ces pertes financières, certaines stations-service en Suisse refusent de généraliser le prépaiement avant le remplissage du réservoir. La raison principale évoquée est la logique commerciale. En effet, les exploitants estiment que l’acte de passer à la caisse stimule les achats impulsifs dans les boutiques des stations-service et permet de vendre d’autres produits. Ainsi, l’obligation de prépayer pourrait avoir un effet négatif sur les ventes annexes, ce qui dissuade certains exploitants de mettre en place cette mesure.
Du carburant gratuit qui pèse sur les stations et les consommateurs
Les pertes financières liées à cette fraude sont substantielles, mais la mise en place de mesures pour l’empêcher se heurte à des obstacles pratiques et commerciaux. Les autorités suisses et les réseaux de stations-service continuent de chercher des solutions, mais la fraude persiste, alimentée par la facilité de passage de la frontière et les failles dans le système de paiement. Ce phénomène soulève aussi des questions sur les pratiques des conducteurs et les raisons pour lesquelles certains choisissent délibérément de ne pas régler leur plein. Si cette fraude se poursuit, elle pourrait bien mettre en lumière les faiblesses d’un système qui peine à équilibrer sécurité, accessibilité et rentabilité des stations-service frontalières.








