Ces dernières années, à cause du réchauffement climatique, les températures estivales sont de plus en plus hautes. Ce qui rend risqué le travail pendant ces périodes de chaleur, notamment sur les chantiers. Ainsi, la canicule intègre la liste des motifs de chômage technique dans le secteur du bâtiment. Qu'est-ce qui va changer pour les ouvriers ?
Tout comme la neige, le vent et le gel, la canicule vient d'intégrer la liste des intempéries donnant droit aux indemnités du chômage technique aux travailleurs du bâtiment. Un décret a été publié à cet effet le 28 juin 2024 et est entré en vigueur le 30 juin 2024. Il faut toutefois savoir qu’avant d’être décrétée comme motif de chômage technique, la canicule donnait lieu à l’obligation, pour les entreprises, de prendre des mesures, comme l’aménagement des horaires de travail, ainsi que la mise à la disposition des ouvriers des vêtements de travail couvrant tout le corps et de l’eau fraîche. Cependant, ces précautions n'éliminaient pas complètement le danger sur la vie des ouvriers sur les chantiers.
Désormais, lorsque Météo France émet une alerte canicule orange ou rouge, « le travail doit cesser », explique Patrick Blanchard, secrétaire national de la CFDT Construction, qui ajoute que l’indemnisation de l’ouvrier débutera à partir du deuxième jour avec « quasiment un maintien de salaire ». Toutefois, bien que cette décision représente l’aboutissement de plusieurs années de travail des syndicats du bâtiment, Patrick Blanchard déplore le fait que le décret n’intègre pas les « pics de chaleur qui sont des périodes de chaleur qui ne durent qu’un jour ou deux (vigilance canicule jaune) ».
Ce qui fera que les entreprises pourront toujours maintenir l’activité sur le chantier durant ces épisodes. Pour le secrétaire national de la CFDT, cet aboutissement n’est qu’« une première étape », car cette latitude donnée aux entreprises devra être supprimée au vu du danger de la chaleur sur la vie des salariés du secteur du bâtiment, connu pour ses nombreux accidents. Sur les chantiers, il y a risque que « la personne fasse un malaise, peut-être dû à la chaleur, qui réduit l’attention », augmentant le danger de chute des grandes hauteurs. Ce qui peut entraîner des décès, explique encore Patrick Blanchard.
Il n'y aura pas de cotisations supplémentaires pour les salariés
Il faut d’abord savoir que l’indemnisation est versée par une « caisse nationale de surcompensation », elle-même abondée par les « cotisations intempéries » versées par les entreprises du BTP. Patrick Blanchard explique que ces cotisations des entreprises servaient à indemniser les ouvriers pour les journées de chômage technique dues à la neige, le gel ou les vents.
Vu que ces périodes de froid ne sont plus aussi nombreuses et aussi fortes, à cause du changement climatique, il sera possible d’effectuer un simple transfert de ces cotisations pour le financement des indemnisations des journées chômées à cause des canicules. Ce qui signifie que les salariés du bâtiment n’auront pas à cotiser plus, conclut le secrétaire national de la CFDT Construction.