Avec l’arrivée d’une canicule précoce, EDF alerte sur une possible réduction de la production de ses réacteurs nucléaires à partir du 25 juin. La centrale du Bugey, dans l’Ain, pourrait être particulièrement impactée, les températures élevées du Rhône perturbant le refroidissement des réacteurs.
Les réacteurs nucléaires français dépendent de l’eau des rivières, qui est pompée pour refroidir le circuit de réacteurs avant d’être rejetée dans l’environnement à une température plus élevée. Ce processus est encadré par des réglementations strictes, afin de protéger la faune et la flore aquatiques. Les centrales doivent respecter des seuils thermiques et des débits d’eau minimaux pour éviter d’altérer les écosystèmes aquatiques locaux. Or, lorsque les températures de l’air et des cours d’eau montent en période de canicule, il devient difficile pour EDF de maintenir ces critères de température.
Ainsi, lorsque les conditions climatiques entraînent un réchauffement excessif des rivières ou une diminution du débit, EDF doit ajuster sa production d’électricité pour rester dans les limites fixées par la réglementation. Cela peut entraîner une réduction de la production d’électricité, comme c’est prévu pour la période du 25 juin, à cause de l’élévation des températures, rapporte Franceinfo.
Les pertes de production en période de canicule
Le phénomène des baisses de production dues à des conditions climatiques extrêmes n’est pas nouveau. EDF rappelle que depuis 2000, ces pertes ont représenté en moyenne 0,3 % de la production annuelle du parc nucléaire français. Toutefois, la fréquence de ces événements semble augmenter. En 2019 et 2022, la France a connu deux vagues de chaleur significatives en juin, obligeant EDF à ajuster sa production nucléaire. Les températures élevées et le faible débit des rivières provoquent une pression croissante sur les infrastructures énergétiques, et la tendance se confirme avec l’évolution du climat.
Le réchauffement climatique a des conséquences à long terme sur le secteur nucléaire. D’après la Cour des comptes, dans son rapport de 2023, le nombre d’arrêts de réacteurs en raison de conditions climatiques extrêmes pourrait tripler, voire quadrupler d’ici 2050. En effet, les épisodes de canicule pourraient se multiplier, entraînant une inadéquation de l’approvisionnement en eau douce nécessaire au refroidissement des réacteurs.
Des ajustements nécessaires pour garantir la production d’énergie
Cela représente une menace pour la production d’électricité décarbonée en France, qui dépend largement de l’énergie nucléaire. Le parc nucléaire, qui produit plus des deux tiers de l’électricité du pays, utilise une part importante de l’eau douce disponible pour le refroidissement. Environ 98 % de cette eau est ensuite rejetée dans l’environnement, une pratique qui est de plus en plus surveillée en raison de ses impacts sur la biodiversité.
À mesure que les vagues de chaleur se multiplient, EDF pourrait être forcée de s’adapter davantage. Cette situation soulève la question de l’avenir de la production nucléaire en France et de la capacité du pays à maintenir sa production d’électricité face à des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes. Les ajustements nécessaires dans la gestion de l’eau et de la production d’énergie devront être pris en compte dans les stratégies à long terme pour garantir une transition énergétique durable et résiliente.








