Pourquoi le Québec résiste à l’idée de fermer ses portes aux travailleurs étrangers ?

Les différentes villes et gouvernements du Canada s’activent pour mettre en place de nouvelles réglementations facilitant l’arrivée ou le départ des travailleurs temporaires étrangers. Toutefois, au Québec, la demande pour ces travailleurs est particulièrement forte. La province se distingue comme la seule au pays à accueillir massivement les immigrants et travailleurs étrangers, leur ouvrant grand les portes.

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Deux travailleurs sur un chantier en train de voir les plans
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Bien que dans plusieurs régions du Canada, les travailleurs étrangers soient souvent perçus comme une menace pour l’économie et son développement, la situation est bien différente au Québec. En effet, selon une étude effectuée par l’institut Angus Reid, 44 % des Québécois se disent favorables à l’arrivée de nouveaux travailleurs étrangers, estimant même qu’ils ne sont pas assez nombreux dans la province. Cependant, 42 % des Québécois pensent qu’il y en a déjà trop. Quoi qu’il en soit, l’apport positif de ces travailleurs dans divers secteurs ne peut être ignoré.

Daye Diallo, vice-présidente aux politiques de main-d’œuvre et à l’intelligence économique du Conseil du patronat du Québec, explique : « Les Québécois savent qu’on a des travailleurs étrangers temporaires ici. On remarque leur impact positif dans notre quotidien, aussi bien dans les usines, le système de santé ou encore, le système de l’éducation ».

Le Québec se distingue ainsi comme la région la plus ouverte à l’arrivée de travailleurs temporaires étrangers (TTE), avec un taux d’acceptation de 44 %, contre seulement 23 % en Ontario. Actuellement, près de 31 % des TTE au pays travaillent au Québec, ce qui représente environ 59 820 personnes. En Alberta, par contre, moins de 35 % des habitants sont favorables à cette arrivée.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a récemment déclaré qu’il était temps de réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires, en particulier ceux occupant des postes à bas salaire. Selon lui, c’est le bon moment pour investir dans les Canadiens et leur offrir ces emplois, contribuant ainsi à la lutte contre l’inflation.

Quelles conséquences pourrait entraîner cette réduction ?

Aujourd’hui, les travailleurs étrangers temporaires occupent un grand nombre de postes au Canada, en particulier ceux qui subissent une pénurie de main-d’œuvre. Plusieurs de ces emplois sont à bas salaire, des postes que les Canadiens sont moins enclins à accepter.

Dans le secteur de la santé et des services sociaux, par exemple, entre 15 % et 20 % des travailleurs sont des TTE, occupant des rôles d’infirmiers, d’aides-soignants ou de préposés aux bénéficiaires. Ils représentent également une part importante des ouvriers spécialisés dans la construction, comme les charpentiers ou les électriciens (10 à 15 %). Dans l’agriculture, ce chiffre grimpe à 60-70 %, tandis que l’hôtellerie et la restauration dépendent de 20 à 30 % de ces travailleurs, que ce soit pour des postes de cuisiniers, serveurs ou encore personnels de nettoyage. Même le secteur des technologies de l’information voit entre 20 et 25 % de ses effectifs constitués de travailleurs étrangers, en tant que développeurs, ingénieurs en informatique ou spécialistes en cybersécurité.

Si une réglementation visant à réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires au Québec ou ailleurs au Canada venait à être mise en place, cela pourrait exacerber la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs critiques comme la construction ou l’agriculture.

Une telle décision pourrait également prolonger les délais d’attente pour les citoyens dans des domaines tels que la santé et l’éducation, tout en impactant gravement les entreprises qui dépendent de cette main-d’œuvre pour maintenir leur productivité. De ce fait, d’importantes pertes économiques seraient à prévoir.

Aujourd’hui, 64 % des Québécois reconnaissent l’importance des TTE pour l’économie, surtout qu’ils occupent près de 15 % des postes dans certains secteurs. Toutefois, une nouvelle réforme pourrait bien modifier cette perception.

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