Confrontée à une pénurie de personnel de santé ces dernières années, le Québec s’est tourné vers l’étranger pour répondre à ses besoins, notamment avec une mission majeure en 2021 qui a permis de recruter plus de 4000 travailleurs de la santé. Depuis 2017, Recrutement Santé Québec, un organisme du ministère de la Santé et des Services sociaux, a attiré plus de 1900 professionnels issus de 24 pays en Afrique, Amérique du Sud et Europe, dont des infirmiers.
En février 2022, un programme de 65 millions de dollars a été lancé par les ministres de l’Immigration et de la Santé, visant à recruter plus de 1000 infirmiers dans des pays francophones, principalement en Afrique. Devant l’enthousiasme suscité par ce projet, le gouvernement prévoit d’engager 235 candidats supplémentaires à l’étranger pour répondre à la demande en main-d’œuvre dans le secteur de la santé.
Cependant, Radio-Canada a révélé que le recrutement d’infirmiers a cessé dans tous les pays africains, à l’exception de la Tunisie, pour des raisons éthiques. « Dans une démarche de recrutement éthique et respectueuse des populations locales, nous avons ciblé les pays dont les gouvernements ont autorisé les activités de recrutement du Québec », a déclaré une porte-parole du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) à Radio Canada.
Ces pays d’Afrique ne veulent plus perdre leurs infirmiers
C’est ainsi que le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Maroc ont été exclus des destinations de recrutement du Québec. « Le Maroc a demandé d’exclure les infirmiers d’État de nos activités à partir du deuxième trimestre 2024, et nous avons respecté cette demande. D’autres pays africains nous ont également demandé de limiter les embauches en 2024, ce que nous avons aussi respecté », a ajouté la porte-parole du MIFI.
Ces pays évoquent le coût élevé de la formation des professionnels de santé qu’ils supportent, ainsi que les risques de pénurie de main-d’œuvre pour leurs propres systèmes de santé. Par ailleurs, le Québec a parfois pris la décision unilatérale de limiter ou cesser le recrutement afin de protéger les populations locales, même si certains de ces pays connaissent un taux de chômage élevé dans le secteur de la santé.
Certaines destinations restent toutefois sur la liste du Québec pour le recrutement d’infirmiers à l’international. Des initiatives de prospection, d’attraction et de recrutement ont été menées en Tunisie, au Liban, ainsi que dans les pays du Golfe, notamment en Arabie saoudite, à Bahreïn, aux Émirats arabes unis, au Koweït, à Oman et au Qatar, a précisé la porte-parole du MIFI.
Le Québec a été critiqué depuis le lancement de son vaste programme de recrutement en février 2022. L’année dernière, par exemple, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi une liste de 55 pays les plus touchés par les pénuries de personnel de santé, demandant aux pays occidentaux de ne pas fragiliser davantage ces systèmes vulnérables. Selon l’OMS, le Cameroun dispose de 1,9 infirmiers pour 10 000 habitants, alors que le Québec en compte près de 100.