Cette année encore, le Québec fera face à une pénurie d’enseignants qualifiés pour répondre à la demande croissante à la rentrée scolaire. Avec près de 20 000 nouveaux élèves attendus et un déficit important d’enseignants, le ministère de l’Éducation se trouve de nouveau confronté à un dilemme qu’il juge presque insoluble.
Les enseignants qui manquent se trouvent principalement dans les réseaux primaire et secondaire du secteur public. De plus, avec l’augmentation des départs à la retraite, le gouvernement peine à combler ces postes vacants tout en cherchant de nouveaux enseignants.
Le ministère de l’Éducation précise qu’au cours de l’année scolaire 2023-2024, 80 % des élèves étaient nés à l’extérieur du Canada. Cependant, pour cette nouvelle année, il est difficile pour le ministère de déterminer leur origine exacte.
Des mesures visant à assurer une plus grande stabilité dans les écoles ont toutefois été prises lors des dernières négociations publiques au Québec. Les élèves et les parents peuvent ainsi aborder la rentrée scolaire avec plus de sérénité. Ainsi, pour la prochaine rentrée, et pour la première fois au Québec, les dates limites pour le processus d’affectation ont été fixées à hier, 8 août, au lieu de trois semaines plus tard comme c’était le cas auparavant.
Est-ce que cette nouvelle méthode sera efficace pour limiter la pénurie d’enseignants ?
D’après le ministère de l’Éducation, bien que la période d’ouverture des nouveaux postes soit avancée, cela ne suffira pas à répondre à la demande d’enseignants qualifiés. En effet, l’année 2023-2024 a vu 8 000 postes à pourvoir, mais ils n’ont pas tous été comblés. À la fin mai, 471 postes étaient encore vacants.
Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), commente : « Il faudra s’attendre à des résultats similaires cette année aussi. Qu’on affiche les postes le 8, le 15 ou le 22 août, il n’y aura pas plus d’enseignants disponibles ». Elle ajoute : « l’an dernier, malgré l’ajout d’enseignants non qualifiés et la prise en charge d’un plus grand nombre d’élèves par certains enseignants, les postes n’ont quand même pas été tous comblés ».
L’ajout de postes d’aide à la classe pourrait-il être la solution ?
Selon le président de la Fédération québécoise des directions d’établissement scolaire : « même en créant de nouveaux postes d'aide à la classe, un autre problème survient, qui est le manque de personnel dans le service de garde dans certaines écoles ».
En effet, les éducatrices en service de garde peuvent postuler pour des postes d’aide à la classe, mais elles ne pourront pas assumer les responsabilités des deux postes simultanément, ce qui entraînera un manque de compétences.
Le cabinet du ministre de l’Éducation précise qu’au début de la semaine prochaine, des informations mises à jour seront disponibles pour faire le point sur la situation. « On aura des informations cruciales concernant le nombre d'enseignants qui partent à la retraite et la hausse d’élèves prévues au Québec », selon le cabinet du ministre de l’Éducation.
Le ministre de l’Éducation ajoute : « Ça démontre toute l’importance du nouveau processus que nous avons mis en place pour que les affectations se fassent avant le 8 août, afin de nous assurer d’une stabilité plus rapidement ».
Il invite donc les personnes qualifiées et les enseignants à postuler en grand nombre et à se rendre aux centres d’inscription pour combler les postes vacants. Cependant, Kathleen Legault, présidente de l’AMDES, doute que cela suffise. Elle déclare : « même avec les nouvelles conventions collectives, les aides à la classe ou les nouveaux programmes pour qualifier rapidement les profs qui n’ont pas étudié en enseignement, et qui sont déjà dans le réseau, cela ne suffira pas à résoudre l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre ».