Les Québécois ressentent une pression grandissante lorsqu’il est temps de régler leur facture au restaurant. Cela s’explique en grande partie par l’obligation implicite de laisser des pourboires, même si certains ne se sentent pas totalement à l’aise avec cette pratique ou préfèrent simplement s’en abstenir. C’est d’ailleurs cette situation qui a incité le gouvernement Legault à vouloir mettre de l’ordre dans les établissements de restauration.
La fin des pourboires traditionnels au Québec ? Le gouvernement s’attaque aux abus
Selon des observations récentes, les Québécois laissent de moins en moins de pourboires lorsqu'ils règlent leur addition au restaurant. Certains établissements ont donc recours à des stratégies peu transparentes pour imposer des pourboires, parfois à l’insu des clients.
Cette pression est mal perçue autant par les consommateurs que par les employés, créant un malaise au moment du paiement. En effet, plusieurs restaurants utilisent désormais des terminaux de paiement où le pourboire est déjà inclus, souvent à un taux exagéré.
Ces terminaux proposent généralement un pourboire minimum de 18 %, bien au-delà des 15 % habituellement conseillés. De plus, ce pourboire est souvent calculé sur le montant total après taxes, ce qui gonfle le montant à payer. Par exemple, pour une facture de 100 $ avant taxes, le pourboire devrait être calculé sur ce montant, et non sur 114,98 $ après taxes. Avec un taux de 15 %, le pourboire serait de 15 $ et non de 17,25 $.
François Pageau, professeur à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), rappelle que le pourboire reste une pratique volontaire : « Le pourboire n’est pas une obligation légale, c’est une convention sociale », souligne-t-il.
Nouvelle manière d'inclure les pourboires chez certains restaurateurs
Face à l’augmentation des pourboires imposés, surtout au Québec, certains établissements et le gouvernement réfléchissent à des mesures pour mieux encadrer cette pratique.
Certaines entreprises envisagent d’inclure les pourboires dans les prix affichés sur le menu, afin d’éliminer le malaise chez les clients et les employés. Cela permettrait aussi aux travailleurs d’obtenir un salaire fixe, stable et non tributaire des fluctuations des pourboires, notamment lié à la saisonnalité.
Les serveurs eux-mêmes admettent que l’imposition d’un pourboire de 18 % est excessive et inconfortable. Plusieurs trouvent que cela manque de respect envers le consommateur. Particulièrement dans une conjoncture où l'inflation met à mal les finances de nombreux foyers.
Le gouvernement intervient face aux pourboires abusifs
Du côté des autorités, le ministre de la Justice et responsable de la Protection du consommateur, Simon Jolin-Barrette, a déposé un projet de loi visant à mieux encadrer les suggestions de pourboires. Ce texte législatif vise à diminuer la pression ressentie par les clients lors du paiement de l’addition.
Maximilien Roy, vice-président de Restaurants Canada, affirme que les restaurateurs ont exagéré, menant à la situation actuelle. « Le consommateur devrait toujours avoir le droit de choisir le pourcentage du pourboire sur l’appareil. Il devrait y avoir plus de transparence dans le milieu de la restauration », explique-t-il. Selon lui, une certaine flexibilité est nécessaire pour les pourboires, tout en préservant l’équilibre entre employé, employeur et client.
Bien que le projet du gouvernement de Québec pour encadrer les pourboires soit louable, il est important de s’assurer que les réformes envisagées respectent les sensibilités autour de ce sujet délicat. La réponse est encore floue ; le projet sera-t-il adopté ? Une généralisation sur l'entièreté du pays est-elle prévue ? Il semblerait que tout cela ne soit pas à l'ordre du jour et qu'il faudra attendre les prochaines semaines. Pour l'heure, les clients sont encore contraints par certains établissements de verser des pourboires astronomiques.