La rareté des emplois pour les jeunes, notamment un job d’été, creuse les inégalités sur le marché du travail. Quel avenir pour l’emploi ?
Dans un contexte où la rareté des emplois pour les jeunes crée une compétition accrue sur le marché du travail, une récente évolution économique met en lumière des défis inattendus. Au-delà des chiffres, une nouvelle réalité s’installe, témoignant des transformations profondes qui s’opèrent dans le paysage professionnel.
Pénurie d’emplois pour les jeunes, la fin de l’époque où un simple CV suffisait
Cet été, la recherche d’emploi pour les jeunes est plus difficile que jamais. Alors qu’auparavant, il suffisait d’appeler un employeur pour commencer à travailler rapidement, aujourd’hui les jeunes font face à une concurrence féroce. Dans la région du Bas-Saint-Laurent, le nombre de postes vacants a chuté de 34,5 % en janvier 2024 par rapport à l’année précédente, notamment dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration, traditionnellement occupés par les étudiants.
Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans au Québec est également en hausse, passant de 6,6 % en septembre 2023 à 9,6 % en juin 2024. Selon Marie-Claude Lapierre, directrice générale de l’organisme La Sphère, « la situation est difficile pour de nombreux jeunes qui peinent à trouver un emploi, à obtenir suffisamment d’heures ou qui doivent cumuler plusieurs emplois pour joindre les deux bouts ».
La présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, Claudette Migneault, estime que le marché du travail des jeunes est en train de se rééquilibrer. L’idée qu’un curriculum vitae suffisait pour décrocher un emploi n’est plus d’actualité.
« Cette réalité n’est pas propre au Bas-Saint-Laurent, mais semble toucher l’ensemble du Québec cette année », selon Marie-Claude Lapierre après une rencontre récente des 110 Carrefours jeunesse-emploi de la province.
Chômage en hausse : quand les entreprises jonglent avec la crise
Cette augmentation des demandes d’emploi est attribuée aux répercussions de la pandémie et de la rareté de main-d’œuvre, contraignant les entreprises à modifier leurs pratiques.
Claudette Migneault, PDG de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, met en lumière l’adaptation des entreprises pour maintenir leur rentabilité malgré une réduction des heures d’ouverture. À titre d’exemple concret, la microbrasserie Le Ketch de Sainte-Flavie a pris la décision de ne pas proposer de service aux tables durant la saison estivale, afin de réaliser des économies sur les coûts de main-d’œuvre.
Jean-François Fortin, copropriétaire du Ketch, avance une perspective opérationnelle, expliquant que cette mesure vise à alléger la gestion de l’entreprise qui nécessitait auparavant 18 employés pendant la haute saison. Cette réorganisation temporaire sera révisée à l’automne, lorsqu’une baisse de l’affluence rendra possible le rétablissement du service aux tables.
Emploi en attente, la Sphère débordée, Services Québec rassure
L’organisme La Sphère, débordé par l’afflux de demandes, peine à répondre dans des délais raisonnables. Selon la directrice générale, Marie-Claude Lapierre, les demandeurs doivent désormais attendre entre 6 et 8 semaines pour obtenir de l’aide en emploi.
Malgré cette situation, Services Québec affirme que le marché du travail reste favorable pour les chercheurs d’emploi dans la région. Toutefois, la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup souligne que certains secteurs rencontrent des difficultés à trouver de la main-d’œuvre, tels que les cueilleurs de fruits.
En parallèle, plus de 270 000 $ ont été alloués en 2024 dans la Vallée-de-la-Gatineau pour le programme emploi d’été Canada. Au total, 44 municipalités, organismes et entreprises bénéficieront de cette subvention afin d’embaucher des jeunes âgés de 15 à 30 ans pour la saison estivale.