Le gouvernement Legault a récemment réaffirmé son intention de bannir totalement la vente et la location de véhicules à essence au Québec à partir de 2035. Cette décision s’inscrit dans un effort de réduire l’empreinte carbone du Canada et de diminuer la pollution en privilégiant des moyens de transport plus verts, comme les véhicules électriques.
Lors des dernières assemblées, de nouvelles réglementations ont été mises sur la table, visant à faire du véhicule électrique (VE) l’unique option pour les Québécois d’ici 2035. Ainsi, l’interdiction toucherait non seulement les véhicules à essence, mais aussi les hybrides, à compter de cette date.
Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, n’hésite pas à qualifier ces objectifs de « difficiles à réaliser ». Il souligne : « Il faudrait multiplier par 10 le nombre de véhicules électriques sur les routes en 6 ans seulement afin d’atteindre l’objectif fixé par l’État, à savoir 2 millions de VE d’ici à 2030, soit environ 1 750 000 véhicules de plus qu’aujourd’hui ». Selon lui, plusieurs obstacles se dressent sur la route vers une adoption massive des VE.
En effet, Duhaime met en lumière le retard technologique des véhicules électriques, particulièrement en ce qui concerne leur performance dans les conditions hivernales rigoureuses du Québec. De plus, se pose la question de la capacité de production pour satisfaire la demande d’ici 2035. Un autre point d’achoppement est l’accessibilité financière des VE pour les Québécois. Sans oublier que pour faire fonctionner tous ces véhicules, il faudra une quantité d’électricité abordable et suffisante, ce qui n’est pas encore acquis, selon Hydro-Québec.
Interdiction des véhicules à essenceUn projet de loi qui divise
Pour Éric Duhaime, la technologie des VE n’est pas encore au point, notamment dans les régions où le mercure plonge sous les -20 degrés, causant une baisse de performance de 20 à 50 % des véhicules électriques.
Quant aux prix des VE, ils demeurent hors de portée pour bien des Québécois, qui peinent déjà à joindre les deux bouts. Près d’un Québécois sur deux fait face à des difficultés financières, et avec le coût élevé des VE, l’achat de ce type de voiture n’est pas une priorité. La situation est d’autant plus critique avec la fin des subventions, allant jusqu’à 7 000 $, qui aidaient à rendre ces véhicules plus abordables.
Laisser le libre choix aux consommateurs quant à l’achat ou non de véhicules électriques
Bien que le gouvernement souhaite interdire la vente et la location de véhicules à essence après 2035, plusieurs voix s’élèvent pour dire que cette décision devrait revenir aux consommateurs et non être imposée d’en haut.
Non seulement beaucoup de foyers québécois ne peuvent pas se permettre d’acheter un VE neuf, mais certains citoyens ne sont pas convaincus par la politique du gouvernement en faveur du véhicule zéro émission.
Éric Duhaime insiste sur le fait que le gouvernement devrait encourager, voire sensibiliser à l’achat de VE, mais sans imposer de choix aux consommateurs.
Du côté de la Fédération canadienne des contribuables (FCC) au Québec, on accuse le gouvernement de manquer de transparence. En juillet dernier, la FCC a déclaré : « le gouvernement Legault n’a pas encore fourni le coût prévu de la réglementation pour les finances publiques, que ce soit en termes de coûts économiques, d’infrastructures énergétiques supplémentaires ou de tarifs d’électricité ». Elle ajoute : « Avant d’appuyer sur l’accélérateur et d’interdire les nouveaux véhicules à essence, Legault doit donner l’heure juste aux contribuables et divulguer les coûts qu’ils devront assumer ».
La Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) rappelle pour sa part que le gouvernement ne doit pas sous-estimer les défis posés par l’immensité du territoire québécois. Elle note : « Nous constatons qu’aucune exception régionale n’a été prévue dans le projet de règlement. De plus, certaines régions en province ne sont pas dotées de stations de recharge de véhicules électriques et elles ne seront pas aptes à satisfaire la demande des citoyens dans le cas où les VE seront obligatoires ».