Face à une inflation qui persiste depuis plus de deux ans, bien des familles canadiennes peinent à subvenir à leurs besoins alimentaires. Pour mieux comprendre comment les consommateurs réagissent à cette hausse des prix flagrante, plusieurs études ont été menées.
Selon une étude réalisée par Passages pour l’Union des consommateurs, 43 % des familles monoparentales éprouvent souvent des difficultés à se nourrir convenablement. Une situation particulièrement préoccupante qui ne cesse d’empirer et qui touche de plus en plus de foyers. Comment les familles canadiennes arrivent-elles à joindre les deux bouts ? Quelles stratégies adoptent-elles pour réduire leurs coûts ?
Un foyer sur deux peine à s’en sortir
L’hiver dernier, l’Union des consommateurs a mené une enquête sur les préoccupations financières des Canadiens. Même si nous sommes en été, les résultats restent pertinents. Les données récoltées ne précisent pas exactement à quel point l’inflation a affecté les familles, mais 41 % des Canadiens estiment que leurs finances et leur alimentation se sont détériorées au cours des deux dernières années.
L’organisme Alima, qui soutient les femmes enceintes en situation de précarité, est bien placé pour constater l’impact de la hausse des prix. Suzanne Lepage, coordonnatrice des pratiques en nutrition sociale périnatale chez Alima, a remarqué que de plus en plus de leurs clientes ne mangent pas à leur faim et doivent sauter des repas.
Elle a déclaré « On est dans “je mange pour combler ma faim”, mais c’est tout. Du pain, des pâtes, du riz, avec de petites choses pour agrémenter ça. Le poisson, la viande, les fruits et les légumes sont de plus en plus rares dans les menus. La qualité et la variété sont des critères assez bas dans la liste des priorités, au profit de la quantité, devenue une préoccupation constante. »
Les stratégies des Québécois pour réduire leurs dépenses
Pour essayer de s’en sortir, les Québécois ont développé plusieurs stratagèmes pour faire face à l’inflation. Selon la même étude réalisée pour l’Union des consommateurs, les résultats sont plutôt surprenants : 75 % des Québécois achètent plus d’aliments en solde, 46 % cuisinent davantage, 31 % achètent moins d’aliments, 50 % privilégient les marques « maison », 19 % réduisent la qualité de leurs achats et 21 % mangent moins de fruits et légumes.
Selon le média La presse, « Dans les autres provinces, une personne sur trois a réduit la qualité de son alimentation, et à peu près la même proportion a diminué sa consommation de fruits et légumes, ce qui peut avoir des conséquences fâcheuses sur la santé. Au Québec, le contenu des assiettes et des boîtes à lunch a beaucoup moins changé. On préfère se tourner vers les marques maison (50 %)… une idée qui plaît moins dans le reste du pays (38 %). »
Les femmes surveillent de près leurs dépenses
Selon une autre étude réalisée par la firme de recherche NielsenIQ, pour faire face à la hausse des prix et réduire les dépenses, le comportement des consommateurs varie selon le sexe :
- 61 % des femmes font des réserves lorsque les articles sont en solde, contre 47 % des hommes.
- 57 % des femmes utilisent les programmes de fidélisation, contre 43 % des hommes.
- 57 % des femmes recherchent les magasins où les prix sont les plus bas, contre 45 % des hommes.
- 48 % des femmes utilisent des bons de réduction lors de leurs achats, contre 38 % des hommes.
- 43 % des femmes comparent les prix entre les produits, contre 32 % des hommes.
Cette étude a aussi démontré que le revenu des foyers n’avait pas grand-chose à voir avec les stratégies pour économiser, comme le confirme Maryse Côté-Hamel, spécialiste du comportement des consommateurs et professeure à l’Université Laval. « Au Québec, on a tellement parlé d’épicerie que c’est devenu normal d’essayer d’économiser et d’être plus optimal dans ses achats, dit-elle. Avant, on faisait ça parce qu’on était cheap ou pauvre. Maintenant, c’est normal, il n’y a plus de préjugés négatifs. »