De plus en plus de Canadiens peinent à joindre les deux bouts à la fin de chaque mois, particulièrement lorsqu’il s’agit de payer le loyer, les factures et de faire l’épicerie. Face à cette situation, plusieurs locataires sont contraints de chercher des alternatives pour éviter de se retrouver à la rue.
En règle générale, un salarié devrait consacrer environ 30 % de son revenu mensuel au paiement de son loyer. Cependant, avec la hausse du coût de la vie et l’inflation qui sévit à travers le pays, ce pourcentage est largement dépassé.
Selon le témoignage de Mme Jennifer Smith, jeune maman locataire à Toronto, 30 % de son salaire ne représente que 966 $, alors que son loyer mensuel atteint 3 200 $. Pour cette jeune femme, ce montant est beaucoup trop élevé, et elle se sent obligée de s’endetter pour payer son loyer. Elle confie : « J’aime mieux sauter quelques paiements et faire baisser ma cote de crédit, mais avoir une maison et nourrir mes enfants ».
Un endettement qui n’est pas un cas à part
Tout comme Jennifer Smith, de nombreuses personnes à travers le Canada doivent s’endetter pour éviter de se retrouver à la rue. Elles puisent souvent dans la marge de crédit de leur carte, plutôt que de rembourser leur solde. Cette situation devient de plus en plus courante, comme l’a souligné le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, lors d’un discours en septembre.
Une étude menée par l’économiste Ricardo Tranjan révèle que cette réalité touche la majorité des villes canadiennes. En effet, sur 62 villes, seules 9 respectent la règle des 30 % de revenus pour le paiement du loyer, en tenant compte du salaire minimum.
Cela confirme que les loyers continuent d’augmenter dans de nombreuses villes canadiennes, et pas seulement dans les régions où le coût de la vie est déjà élevé, comme Toronto ou la Colombie-Britannique.
Comment faire face à l’endettement et aux loyers élevés ?
S’endetter pour payer son loyer ou subvenir à ses besoins quotidiens n’est pas une situation facile à vivre. Les difficultés financières peuvent souvent amener les gens à ressentir de l’embarras, de la honte et un sentiment d’impuissance.
Pour faire face à ce type de situations, il est crucial de demander conseil auprès de professionnels. C’est ce que confirme Anne Arbour, directrice des partenariats et de l’éducation à la Credit Counselling Society. Selon elle, plus les gens sollicitent de l’aide rapidement, plus ils ont de chances d’explorer des options pour s’en sortir.
Elle ajoute que son organisation reçoit de plus en plus d’appels de personnes cherchant des conseils sur la vie chère et sur la façon de gérer l’inflation et l’endettement. Des organismes accrédités, comme la Credit Counselling Society, offrent des conseils gratuits sur le crédit et la gestion budgétaire. Autant ne pas s’en priver !
Du côté des constructeurs, Tony Irwin, président par intérim de la Fédération canadienne des associations de propriétaires immobiliers, indique que la hausse des loyers est principalement due à l’augmentation de la population. Il mentionne également que les gens ont tendance à migrer d’une région à une autre pour fuir la flambée des prix, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les prix des logements et accentue la crise dans le secteur immobilier.
Pour remédier à cette situation, M. Irwin affirme qu’il est nécessaire de lancer davantage de programmes de construction de logements abordables, ainsi que de soutenir les coopératives et les organismes à but non lucratif. « Nous avons besoin de toutes ces options, pour pouvoir soutenir les Canadiens qui ont différents besoins, budgets et moyens financiers », conclut-il.