Le Canada se prépare à accueillir près d’un demi-million de nouveaux immigrants francophones pour dynamiser son économie. Toutefois, le gouvernement fédéral souligne que plusieurs efforts seront nécessaires pour garantir que ces nouveaux arrivants soient intégrés dans les meilleures conditions et que leur séjour soit prolongé.
Ces derniers mois ont été marqués par plusieurs réunions, dont celle de vendredi à Halifax, réunissant les ministres responsables de la francophonie canadienne pour explorer des solutions visant à encourager et à renforcer l'arrivée de nouveaux immigrants francophones au Québec.
À Halifax, en Nouvelle-Écosse, le ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie a déclaré lors de sa conférence de vendredi que les familles en Nouvelle-Écosse se font de plus en plus rares. Il est donc crucial de renforcer cette population par l’arrivée de nouveaux immigrants francophones.
En 2023, Ottawa avait fixé un objectif ambitieux de 4 % en matière d'immigration. À la surprise générale, cet objectif a été atteint avec succès. Le ministre fédéral des Langues officielles a d’ailleurs commenté : « L’an passé, on a dépassé la cible avec 4,1 %. On va maintenant viser 6 %, puis 7 %, et enfin 8 %. » Cette augmentation se traduit par l’arrivée de 30 000 nouveaux immigrants francophones, comme l'a prévu le ministère fédéral. Ottawa prévoit d’accueillir près d’un demi-million d’immigrants économiques parlant obligatoirement français.
Quelles sont les réalités sur le terrain ?
Bien que les autorités soient prêtes à accueillir de plus en plus de francophones, certaines régions du Québec et du Canada doivent intensifier leurs efforts. Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a souligné : « Il est essentiel que les nouveaux arrivants soient bien accueillis. Si les francophones ne peuvent pas travailler en français ou envoyer leurs enfants dans des écoles francophones, cela ne fonctionnera pas. »
Avec l’augmentation du nombre d’immigrants au Québec et dans tout le Canada, certains secteurs sont submergés et peinent à répondre aux besoins des nouveaux arrivants. C'est notamment le cas du secteur de l’éducation, qui fait face à une grave pénurie d’enseignants compétents.
Le gouvernement canadien considère la pénurie d’enseignants francophones, tant pour les écoles françaises que pour l’enseignement du français langue seconde, comme une préoccupation majeure. Des mesures sont envisagées, notamment la création d'un corridor d’immigration pour les enseignants francophones, afin de renforcer le personnel éducatif et de préparer la relève pour les enseignants proches de la retraite.
Quelles régions du Canada résistent à l’arrivée de nouveaux immigrants ?
Malgré les efforts pour attirer davantage d’immigrants francophones, certaines régions du Canada ne sont pas favorables à cette initiative. Selon le ministre de l’Immigration, Marc Miller, il est temps de mettre un terme à l’immigration temporaire sans plafond. En 2019, près d’un demi-million de permis d’études et de visas de travail ont été délivrés, pour un total de 522 110 résidents temporaires. Ce chiffre a dépassé 1,6 million à la fin de 2023.
Marc Miller a précisé que certaines régions, comme la Nouvelle-Écosse, le Manitoba et Terre-Neuve, souhaitent accroître leur nombre de migrants francophones, tandis que le Québec cherche à réduire ce nombre.
Un sondage réalisé en juillet révèle que 60 % des Canadiens jugent qu’il y a trop d’immigrants au pays. Ils affirment que cette augmentation entraîne une flambée des prix de l’immobilier et une diminution des opportunités de travail.
Pour répondre à cette situation, le ministre de l’Immigration a récemment imposé un plafond de 606 250 demandes de permis d’études et de visas de travail.
Cependant, certains économistes affirment que limiter le nombre d’immigrants pourrait nuire à l’économie canadienne et à sa croissance. Nathan Janzen, économiste principal de RBC, explique : « Une augmentation de la population grâce à l’immigration profite à l’ensemble de l’économie, car elle permet de produire plus de biens et de services. » Il ajoute : « Chaque nouvel arrivant est aussi un consommateur. »
Enfin, selon Desjardins, les immigrants temporaires sont des moteurs clés de la croissance démographique du Canada, et une réduction de leur nombre pourrait entraîner un ralentissement significatif de l’économie locale.