La Banque du Canada a récemment reconnu un apaisement de l'inflation et a donc décidé d'abaisser son taux directeur. Pour plusieurs, c'est le moment de revenir à une situation plus normale.
Depuis 2021, l'inflation des prix à la consommation a dépassé la borne supérieure de la cible de 1 à 3 % fixée par la Banque du Canada. Lorsqu'il est devenu évident que l'inflation allait persister, la Banque a réagi en augmentant progressivement son taux directeur, passant de 0,25 % en février 2022 à 5 % en juillet 2023. Mais maintenant que l'inflation semble « sous contrôle », n'est-il pas temps de revoir le taux directeur à la baisse ?
Comment l’inflation a-t-elle évoluée ?
L’explosion soudaine de l’inflation à travers le monde s'explique par une série de perturbations temporaires sur les marchés, notamment ceux des produits de base agricoles et industriels, ainsi que dans les chaînes d'approvisionnement, suite à la pandémie de COVID-19.
Face à cette montée mondiale de l'inflation, les banques centrales des États-Unis, d'Europe et d'Asie ont adopté une approche similaire à celle de la Banque du Canada. Comme on pouvait s'y attendre, la hausse importante du taux directeur a entraîné une augmentation généralisée des taux d'intérêt, dans le but de freiner les dépenses de consommation et d'investissement des ménages, des entreprises et des gouvernements, réduisant ainsi la pression sur les prix.
Cependant, une fois les perturbations apaisées en 2022,l'inflation a naturellement commencé à diminuer. Entre 2022 et 2023, le taux d'inflation a chuté aussi rapidement qu'il avait grimpé entre 2021 et 2022. Après avoir atteint un sommet de 8,1 % en juin 2022, il est redescendu à 2,8 % en 2023. En juillet dernier, on a observé une tendance à la baisse, avec un taux d'inflation se rapprochant des 2,5 %, sans signe de remontée.
Une politique restrictive toujours justifiée ?
Bien que la politique restrictive des banques centrales ait contribué à la diminution de l'inflation, son impact n'a pas été aussi déterminant qu'on pourrait le croire. Comme mentionné précédemment, l'inflation a baissé d'elle-même après l'apaisement des perturbations en 2022.
Selon le média L'Actualité, depuis la mi-2022, le niveau de vie moyen des Canadiens a chuté de 6,9 %, et le taux de chômage a grimpé, avec 395 000 personnes supplémentaires sans emploi. « Il y a une forte probabilité que la stagnation de l’économie et de l’emploi se poursuive dans l’ensemble du pays si la baisse des taux d’intérêt ne s’accélère pas, car ceux-ci agissent toujours avec un certain retard sur l’environnement économique. Au niveau élevé où ils traînent encore aujourd’hui, le risque qu’ils provoquent un recul encore plus prononcé n’est pas nul. Il vaut mieux prévenir que guérir. »
Le média appelle donc à un « gros bon sens » pour que la Banque du Canada accélère la baisse de son taux directeur : « Ce n’est pas d’un petit 0,25 point supplémentaire qu’il faut abaisser le taux directeur, mais par exemple de 0,50 point au début de septembre et encore de 0,50 point en octobre. L’environnement économique actuel commande qu’on fasse diminuer les taux d’intérêt aussi vite en 2024 qu’on les a fait augmenter en 2022. ».