Avec la montée constante des loyers au Canada, une nouvelle augmentation exigée par les propriétaires peut sembler difficile à avaler. C'est pourtant ce qui se passe à Vancouver, où des propriétaires ont reçu l'autorisation de hausser le loyer de leur propriété de 23,5 %. Ce pourcentage dépasse de loin l'augmentation annuelle autorisée au Canada, qui est généralement beaucoup plus modeste. Comment en est-on arrivé là ?
Avant qu'une telle augmentation de loyer puisse être imposée, les propriétaires doivent se conformer aux lois provinciales en vigueur. En Colombie-Britannique, le taux d'augmentation annuelle autorisé pour 2024 est fixé à 3,5 %. Cependant, certains propriétaires ont obtenu la permission d'augmenter leurs loyers de 23,5 % sur une période de deux ans.
Cette hausse a été approuvée par la Régie du logement résidentiel (RTB), qui justifie sa décision par l'augmentation des taux d'intérêt hypothécaires.
Les récents bouleversements économiques et mondiaux ont chamboulé le marché immobilier canadien, notamment en ce qui concerne les taux hypothécaires. Ces augmentations ont mis en difficulté plusieurs propriétaires, qui peinent désormais à rembourser leurs prêts avec les loyers initiaux.
D'après l'analyse de la RTB, les propriétaires avaient acquis quatre appartements dans un immeuble à Vancouver. Chaque appartement comprend deux chambres et une salle de bain. Avec l'augmentation des taux d'intérêt en juillet 2023, passant de 1,9 % à 6,65 %, les coûts de financement de la propriété ont grimpé à 80 000 $, contre 46 000 $ l'année précédente.
Avec des loyers variant entre 1 282 $ et 1 550 $ par mois, les propriétaires se sont rapidement rendu compte qu'une augmentation était nécessaire pour rentabiliser leur investissement et rembourser leur hypothèque sans subir de pertes.
Des locataires peu réceptifs face à la hausse du loyer
En avril 2023, après l'augmentation soudaine des taux hypothécaires, les propriétaires ont demandé une hausse de loyer de 500 $ par mois. Les locataires ont refusé cette demande, la jugeant excessive, et ont proposé une augmentation de seulement 50 $ par mois, une offre qui n’a pas été acceptée.
Les propriétaires ont alors sollicité la RTB pour obtenir des conseils sur leurs droits d'augmentation. La décision rendue a permis de protéger leur investissement contre une éventuelle perte financière.
La RTB a estimé que la hausse de 23,5 % était justifiée, mais a recommandé de l’étaler sur deux ans pour en atténuer l'impact sur les locataires.
Malgré cela, certains locataires ont réagi fermement, déclarant : « Dans le cas d'un prêt hypothécaire à taux variable, il est raisonnablement prévisible que le taux change. Les propriétaires doivent s'engager dans ce type de financement en prévoyant une marge de manœuvre pour absorber la variabilité du taux. Car dans le cas contraire, ce sont les locataires qui paient les pots cassés ».
Suite à cet événement, le ministre du Logement, Ravi Kahlon, a annoncé que le gouvernement s’engageait à revoir les procédures d’augmentation des loyers, en tenant compte des répercussions sur les locataires, conformément à l’article 43 de la loi sur la location à usage d’habitation.