Après que le gouvernement a assuré la création de 37 000 places subventionnées en garderie, un moratoire sur l’embauche de travailleurs temporaires étrangers risque d’obstruer l’atteinte de cet objectif.
Le plan du gouvernement pour 37 000 places en garderie va-t-il échouer à cause du moratoire ?
Alors que les garderies au Québec songent à une grève générale, le gouvernement resserre encore l’étau en interdisant à certaines catégories de personnes d’enseigner dans ces établissements. Une interdiction jugée légale, qui risque d’avoir des répercussions sur plusieurs services de garde et centres de la petite enfance.
À la suite de l’annonce du gouvernement du Québec, le 20 août 2024, concernant l’entrée en vigueur d’un moratoire, les impacts se sont rapidement fait sentir. Cette décision vise à limiter le recours aux travailleurs étrangers temporaires dans la catégorie des bas salaires du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).
Aujourd’hui, malgré la promesse du gouvernement de créer 37 000 places subventionnées en garderie, cette nouvelle mesure pourrait bien freiner le projet. Mohamed Ali Hancha, copropriétaire de quatre garderies Château des petits trésors dans Lanaudière, déclare : « Le gouvernement pousse pour créer 37 000 places en garderie, mais il n’y a pas de main-d'œuvre ! ».
Face à cette situation, Québec solidaire a présenté une motion au gouvernement, demandant d’exempter les services de garde de Montréal du moratoire sur l'embauche des travailleurs étrangers temporaires. Une demande rejetée par l’Assemblée nationale.
Une décision dénuée de sens pour certains
Bien que certains postes éducatifs à bas salaires soient exemptés du moratoire, le gouvernement a choisi de ne pas inclure les services de garde dans cette exception. Pourtant, les centres de la petite enfance (CPE) ainsi que l’Association québécoise des CPE avaient demandé une dérogation, arguant que l’éducation commence bien avant 4 ans.
L’an dernier, près de 200 éducatrices et aides-éducatrices temporaires avaient été embauchées pour pourvoir des postes en garderie à Montréal. Cependant, à cause de cette décision, ce ne sera plus possible pour le moment.
La ministre de la Famille, Suzanne Roy, a assuré que ce moratoire ne durerait que six mois et qu’une révision de la situation serait effectuée par la suite. Une déclaration vivement critiquée par le député de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, qui déplore que la ministre laisse les CPE sans le personnel nécessaire : « Les places dont on a besoin, c’est aujourd’hui. Les travailleuses, elles sont là maintenant. Dans six mois, si les éducatrices n’ont pas renouvelé leur permis, elles vont être parties. C’est un oubli pur et dur et la ministre ne s’est pas levée pour défendre son réseau ».
Les secteurs touchés par le moratoire au-delà des garderies
Selon la déclaration du gouvernement québécois, le moratoire vise les postes à bas salaire, ceux payés en dessous de 27,47 $ de l’heure. L’objectif est de favoriser le recrutement local et de lutter contre le chômage tout en soutenant l’économie de la province. Parmi les secteurs concernés, on trouve les salons de beauté et de coiffure, l’industrie minière et même le cirque. Des postes que les Québécois ne convoitent pas particulièrement et qui, jusque-là, étaient pourvus par des travailleurs étrangers temporaires.
Malgré la pénurie de main-d'œuvre dans les services de garde, le gouvernement continue de financer le recrutement à l’étranger dans d’autres secteurs, avec des subventions pouvant atteindre 4 000 $ pour participer à des journées de recrutement à l’étranger. Ces financements concernent des postes jugés critiques par le gouvernement.
Le secteur de l’éducation et de la petite enfance sera-t-il finalement reconnu comme secteur prioritaire au Canada, ou tout au moins comme une exception au moratoire ? Seul l’avenir nous le dira.