L’opposition du gouvernement libéral affirme que la taxe carbone devrait être éradiquée, car elle participe à la hausse du taux d’inflation, mais est-ce que les chiffres confirment ces avances ? Pas si sûr…
La taxe carbone à l’origine de l’inflation au Canada ?
De nombreux Canadiens ont de plus en plus de mal à boucler leur fin de mois, surtout avec les multiples taxes qu’ils doivent payer et l’augmentation marquée du coût de la vie. Certains pointent du doigt la taxe carbone comme étant une des causes principales de cette pression économique. Mais qu’en est-il vraiment ?
Même si la taxe carbone a été mise en place pour freiner les émissions de gaz à effet de serre (GES) et fixer un prix à la pollution, elle est maintenant perçue par plusieurs comme une menace. Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, la qualifie même de « menace existentielle ».
En vigueur depuis 2019, cette taxe vise à pénaliser les pollueurs, mais un manque de communication de la part du gouvernement libéral a engendré une perception négative. Beaucoup de Canadiens estiment qu’ils ne devraient pas avoir à payer de leur poche pour financer les ambitions écologiques d’Ottawa.
La taxe carbone : un outil vraiment efficace contre le changement climatique ?
Avant d’aller plus loin, il est essentiel de comprendre qu’il existe deux formes de taxes carbone. L'une s’applique aux grandes industries, et l'autre aux consommateurs de carburant et aux distributeurs d’énergies fossiles. Ainsi, les automobilistes et autres consommateurs d’énergie se retrouvent avec une facture de carburant plus salée, un coût que plusieurs ménages ont du mal à absorber.
Des études menées sur les politiques climatiques adoptées par 41 pays entre 1998 et 2022 révèlent que, parmi les 1500 initiatives, seules 63 ont eu un réel impact, entraînant une baisse de 19 % des émissions de GES. Ce succès est souvent attribué à un savant mélange entre taxes carbone, incitatifs financiers et subventions pour promouvoir les énergies renouvelables.
D'après l'institut climatique du Canada, c’est la taxe carbone appliquée aux industries qui aurait le plus grand impact, avec une réduction potentielle des GES de 20 à 48 % d’ici 2030. Pour les consommateurs, les résultats seraient moins significatifs, avec une réduction allant de 8 à 14 %. Malgré tout, même ce faible impact mérite d’être souligné.
En 2021, les émissions de GES au Canada auraient baissé de 8,4 % par rapport à 2005, en partie grâce à la taxe carbone, offrant ainsi un signal encourageant pour les objectifs climatiques futurs.
Quel est l’impact de la taxe carbone sur l’inflation au Canada ?
En 2024, la taxe carbone au Canada s’élève à 80 $ par tonne de CO2 émis, avec un objectif de 170 $ par tonne d'ici 2030. Certaines subventions et aides gouvernementales, comme la « Remise canadienne sur le carbone », visent à alléger la charge pour les ménages, mais près de 49 % des citoyens d’Ottawa affirment n’avoir jamais vu la couleur de ces aides, alors que les familles peuvent recevoir jusqu’à 1800 $ par an en versements trimestriels.
Cependant, plusieurs partis de l’opposition accusent la taxe carbone d’être en partie responsable de la crise inflationniste actuelle. Une accusation que le gouvernement Trudeau peine à contredire, alimentant ainsi les doutes parmi la population. Selon l’institut Fraser, la taxe se traduit par des hausses sur l’essence, le chauffage et d’autres produits énergétiques, faisant chuter les revenus réels des ménages d’environ 1540 $ par an par travailleur.
Pourtant, la Banque du Canada estime que la taxe carbone ne contribue qu’à 0,15 % de l’inflation, soit un effet minime. Mais l’institut Fraser prévient que cette taxe pourrait néanmoins entraîner une réduction de 1,8 % du PIB et causer la perte de près de 185 000 emplois à l’échelle nationale.
Le manque de communication de la part du gouvernement Trudeau, combiné à une incapacité à démontrer clairement l’efficacité de cette taxe, fait de celle-ci une arme rhétorique de choix pour l’opposition.