Le texte adopté par le Sénat le 18 mars 2025 durcit l’accès des étrangers en situation régulière à plusieurs prestations sociales de la CAF telles que l’aide au logement ou les allocations familiales. Cette proposition de loi, portée par la sénatrice Valérie Boyer, vise à limiter les aides sociales pour les étrangers, dans un contexte de préoccupations budgétaires croissantes. Mais la gauche a dénoncé ce durcissement comme une forme de « préférence nationale déguisée. »
Le texte propose d’allonger à 2 ans le délai de résidence requis pour les étrangers en situation régulière avant de pouvoir bénéficier de certaines aides sociales, comme l’aide personnalisée au logement, les allocations familiales, et l’allocation personnalisée d’autonomie. Actuellement, la législation permet d’obtenir ces prestations après 9 mois de résidence. Ce changement vise à restreindre l’accès aux prestations pour ceux qui n’ont pas encore prouvé leur installation durable en France.
Lors des débats, la sénatrice Valérie Boyer a souligné la situation budgétaire difficile de la France et a invoqué la nécessité de préserver le modèle social du pays. Selon elle, la politique d’immigration coûte à la France, estimant que l’immigration génère un coût de 75 milliards d’euros, soit 41 milliards nets, selon les chiffres du budget 2023, rapporte Publicsenat.
Les oppositions dénoncent une préférence nationale
Les oppositions de gauche ont vivement réagi, accusant la droite sénatoriale de vouloir instaurer une préférence nationale en excluant de plus en plus de ressortissants étrangers des aides sociales. La sénatrice communiste Silvana Silvani a comparé cette démarche à un processus de « trumpisme », une référence au populisme de droite. D’autres, comme Ian Brossat, ont dénoncé une proposition de loi qui, selon eux, ne ferait qu’alimenter le débat public sans avoir de réelle efficacité.
La proposition de loi a suscité des interrogations quant à sa validité constitutionnelle. En effet, le Conseil constitutionnel avait déjà censuré une version précédente de cette mesure, considérant qu’elle portait atteinte à des droits fondamentaux en imposant des délais de résidence trop longs. Bien que le texte ait été modifié pour réduire la durée de résidence à 2 ans, il reste incertain qu’il passe cette fois-ci le cap du contrôle constitutionnel.
L’impact limité du texte sur l’accès aux prestations de la CAF
Malgré le symbolisme de cette mesure, son impact réel sur les finances publiques est difficile à évaluer, car la Caisse nationale des allocations familiales ne collecte pas de données sur la nationalité des allocataires. Par ailleurs, les conventions bilatérales de sécurité sociale signées par la France pourraient exempter de cette restriction plusieurs nationalités. Cette situation montre les limites pratiques de la législation face aux accords internationaux existants.
En conclusion, cette proposition de loi adopte un ton symbolique dans la gestion des prestations sociales et de l’immigration. Bien que la mesure fasse consensus à droite, elle reste fortement contestée par la gauche et plusieurs experts juridiques. Le texte pourrait se heurter à de nouveaux obstacles constitutionnels, et son efficacité en termes d’économies budgétaires reste incertaine. La France continue donc de naviguer entre préoccupations sociales et questions économiques dans son approche de l’immigration et des droits des étrangers.