Alors que les débats budgétaires ont monopolisé l’attention ces dernières semaines, une mesure votée dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale est passée relativement inaperçue. Pourtant, ses conséquences pourraient être bien concrètes pour de nombreuses familles françaises. À compter de 2026, un changement important va modifier le calcul de certaines prestations versées par la CAF, avec un impact direct sur le budget des foyers ayant des adolescents à charge. Derrière une décision présentée comme cohérente sur le plan juridique, des inquiétudes commencent déjà à émerger chez les parents concernés.
La réforme découle de l’adoption définitive du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, voté le 16 décembre à l’Assemblée nationale après près de deux mois de débats. Parmi les mesures validées figure une modification du mécanisme de majoration des allocations familiales versées par la CAF.
Comme l’explique Marie-France, jusqu’à présent, cette majoration intervenait automatiquement lorsque chaque enfant atteignait l’âge de 14 ans. Ce seuil, en vigueur depuis plusieurs années, prenait en compte l’augmentation progressive des dépenses liées à l’adolescence. À partir de 2026, ce principe va changer. La majoration ne sera désormais déclenchée qu’à partir des 18 ans de l’enfant.
Le gouvernement justifie cette évolution par les conclusions d’un rapport de la Drees publié en mars 2023. Selon ce document, il n’existerait pas de critère objectif permettant de fixer la majoration à 14 ans plutôt qu’à un autre âge. Le seuil de la majorité légale a ainsi été jugé plus cohérent, notamment parce qu’il correspond à une période charnière marquée par une autonomie accrue des jeunes adultes. L’entrée dans l’enseignement supérieur est également avancée comme un élément justifiant des dépenses plus importantes à partir de cet âge.
Sur le plan politique, cette décision est présentée comme une harmonisation du dispositif. Mais sur le terrain, elle suscite déjà de vives interrogations, notamment chez les parents d’adolescents qui comptaient sur cette revalorisation pour équilibrer leur budget mensuel.
Ce que la réforme va changer pour les familles concernées
Concrètement, les parents d’enfants âgés de 14 à 17 ans ne percevront plus la majoration des allocations familiales pendant cette période. La CAF n’augmentera le montant versé qu’à partir des 18 ans de l’enfant, ce qui repousse la revalorisation de plusieurs années. Pour certaines familles, cela représente une perte non négligeable sur une durée pouvant aller jusqu’à quatre ans.

Une mesure transitoire a toutefois été prévue afin d’éviter un effet trop brutal. Les enfants ayant déjà atteint l’âge de 14 ans avant l’entrée en vigueur de la réforme continueront à bénéficier de la majoration selon les règles actuelles. En revanche, ceux qui fêteront leurs 14 ans après cette date devront attendre leur majorité pour voir le montant des allocations augmenter.
La nouvelle règle sera appliquée à compter du 1ᵉʳ mars 2026. À partir de cette échéance, la CAF prendra systématiquement en compte le seuil de 18 ans pour le versement de la majoration des allocations familiales. Les familles disposent donc encore de quelques mois pour anticiper ce changement, même si les marges de manœuvre restent limitées.
Notons que cette réforme intervient dans un contexte où les dépenses liées aux adolescents augmentent bien avant l’âge de la majorité. Alimentation, loisirs, frais de scolarité ou équipements du quotidien pèsent de plus en plus sur les budgets familiaux. Pour de nombreux parents, la suppression de la majoration entre 14 et 17 ans risque donc de fragiliser un équilibre déjà précaire.
Alors que le pouvoir d’achat demeure une préoccupation centrale pour les ménages, cette évolution des aides familiales pourrait continuer à alimenter le débat dans les mois à venir, aussi bien du côté des familles que sur le terrain politique. Derrière une réforme technique, ce sont des millions de foyers qui pourraient voir leur soutien financier diminuer, sans que leurs dépenses, elles, ne reculent.








