La question du budget fait débat en France. Le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, s’en est pris violemment au gouvernement. Il reproche à ce dernier un « dérapage budgétaire » et une « rétention d’information », au terme de sa visite surprise le 21 mars à Bercy.
Le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, n’est pas allé de main morte contre le gouvernement, jeudi 21 mars, au sortir de Bercy, après une mission de contrôle surprise. Une visite décidée après la sortie des nouveaux chiffres du déficit de l’État en 2023, ébruités ces derniers jours par la presse.
Le Sénat confirme que le déficit en 2023 « s’établit bien à 5,6 % du PIB, soit un décalage de 0,7 points avec la prévision initialement faite par le gouvernement, qui tablait sur un déficit de 4,9 % », note Public Senat qui épluche les surprises du contrôle.
« C’est un déficit que nous n’avons jamais connu sous la cinquième République, hors périodes de crise », s’alarme le sénateur des Républicains, cité par la source, qui dénonce au passage la « rétention de l’information » par les services de Bercy qui semble cacher plus en termes de chiffres prévisionnels entre les taux annoncés publiquement et les notes consignées par les services du ministère en interne.
65 milliards d'euros d'écart, entre les notes internes et les prévisions annoncées pour 2025
« Si rien n’est fait », les services de Bercy « prévoient la poursuite de ce dérapage » en 2024 et en 2025, avec des « prévisions de déficits, notées en interne, respectivement à 5,7 % et 5,9 % », au moment où le gouvernement table « officiellement un déficit de 4,4 % du PIB pour 2024 et de 3,7 % du PIB pour 2025 ». « Pour 2025, c’est un écart massif de 2,2 points de PIB. C’est un différentiel de l’ordre minimum de 65 milliards d’euros par rapport à ce qui est annoncé », s’insurge le sénateur qui dénonce « une gestion budgétaire calamiteuse du gouvernement, incapable de suivre la trajectoire budgétaire qu’il a lui-même fait adopter par 49.3 ».
Jean-François Husson charge les gouvernements sous Macron, notamment sur le fait de ne pas avoir réagi à temps pour éviter d'en arriver là. « Dès la fin du mois d’octobre 2023, les services de Bercy ont senti un coup de froid sur la croissance. Le gouvernement a choisi de ne pas intégrer ce coup de froid dans la discussion du projet de loi de finances, il a fait un pari dangereux alors que les signaux étaient au rouge », dénonce-t-il.
Dans la foulée, les coupes budgétaires déjà entamées donnent « un avant-goût amer » de ce qui suivra, commente encore le sénateur qui interpelle publiquement le ministre de l’Économie. « Si nous voulons fixer un cap pour nous redresser, il va falloir avant cela un temps de vérité, que chacun assume ses responsabilités », assène le représentant du Sénat. L’été risque vraiment d’être chaud entre élus et exécutif.
