Face à l’absence d’un budget voté pour 2025, la loi spéciale promulguée par Emmanuel Macron le 20 décembre soulève des interrogations. Si elle garantit la continuité des services publics, cette solution transitoire pourrait aggraver les inégalités sociales et creuser davantage le déficit public, mettant à rude épreuve les classes moyennes et les finances de l’État.
Une loi transitoire au coût élevé
La loi spéciale, composée de trois articles, permet à l’État de prélever des impôts et de financer la Sécurité sociale sur la base des dispositions budgétaires de l’année précédente. Cependant, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), cette mesure temporaire pourrait entraîner un déficit public compris entre 6,1 % et 6,4 % du PIB en 2025. Ce chiffre dépasse largement l’objectif initial de 5,3 %, déjà jugé préoccupant.
L’abandon du projet de loi de finances 2025, qui prévoyait des mesures fiscales spécifiques, a des conséquences notables. Les 27 milliards d’euros de prélèvements obligatoires envisagés, principalement à la charge des grandes entreprises, tombent à seulement 5,8 milliards d’euros. Cette décision soulage les grandes entreprises et les ménages aisés, mais elle pénalise fortement les finances publiques.
Un impact inégalitaire marqué de la loi spéciale
Le contexte économique actuel accentue les inégalités sociales. Les classes moyennes et populaires, déjà confrontées à la hausse des coûts de l’énergie et du logement, seront les plus touchées par la fin du bouclier tarifaire et le gel du barème de l’impôt sur le revenu. Ces décisions risquent de réduire davantage leur pouvoir d’achat.
En revanche, les ménages les plus aisés bénéficient des allégements fiscaux liés à l’annulation de la contribution exceptionnelle sur les grands groupes, une mesure estimée à 8 milliards d’euros. Cette asymétrie renforce les disparités économiques, exacerbant le sentiment d’injustice sociale.
Des risques économiques et institutionnels
L’OFCE met également en garde contre le risque de « falaise budgétaire ». Sans adoption rapide d’un budget complet, l’État pourrait se retrouver incapable de financer ses engagements, notamment les salaires publics ou les dépenses obligatoires comme les loyers des administrations. Une telle situation compromettrait le fonctionnement normal des services publics.
Sur le plan économique, la loi spéciale pourrait temporairement soutenir la croissance, estimée à 1,4 % en 2025 contre 0,8 % prévu initialement. Cependant, cette amélioration pourrait être freinée par l’instabilité politique et l’incertitude économique.
Une nécessité urgente d’un budget
En conclusion, bien que la loi spéciale permette une transition, elle amplifie les inégalités sociales et alourdit les finances publiques. L’adoption d’un budget complet reste impérative pour stabiliser la situation économique, réduire les disparités et garantir une gestion durable des ressources publiques. Sans cela, le risque d’une crise budgétaire majeure demeure imminent.
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