Alors que les discussions autour du budget 2026 se poursuivent à l’Assemblée nationale, un dispositif fiscal emblématique est au cœur des débats. La « niche Coluche », créée en 1988 pour encourager les dons aux associations venant en aide aux plus démunis, pourrait être profondément transformée. Ce mécanisme ne bénéficie aujourd’hui qu’aux contribuables imposables, laissant de côté de nombreux Français modestes qui contribuent pourtant régulièrement à la générosité associative.
Le gouvernement propose de doubler le plafond de la réduction d’impôt liée à la niche Coluche, le faisant passer de 1 000 à 2 000 euros par an. Concrètement, un don de 2 000 euros à une association comme les Restos du Cœur ou Emmaüs pourrait être défiscalisé à hauteur de 75 %, soit un avantage fiscal de 1 500 euros. L’objectif affiché est clair : soutenir les associations confrontées à une hausse des besoins et reconnaître l’engagement des citoyens, tout en maintenant un coût budgétaire raisonnable pour l’État.
Vers un crédit d’impôt pour les non-imposables
Certaines formations politiques, notamment La France insoumise, plaident pour une transformation de la réduction d’impôt en crédit d’impôt. Cette évolution permettrait aux Français non imposables de bénéficier directement de 75 % du montant de leur don, réduisant ainsi le coût réel de leur contribution. Aujourd’hui, un don de 100 euros effectué par une personne non imposable ne lui procure aucun avantage fiscal. Avec le crédit d’impôt, elle récupérerait 75 euros, ne dépensant ainsi que 25 euros. Cette mesure viserait à inclure dans le dispositif ceux qui donnent régulièrement mais ne paient pas l’impôt sur le revenu.
Un impact majeur pour les associations
Selon France générosités, les dons des particuliers aux associations dépassent chaque année 5 milliards d’euros. La réforme envisagée pourrait donc renforcer significativement les ressources des associations œuvrant pour les plus fragiles : banques alimentaires, Restos du Cœur, Secours populaire, Croix-Rouge, Emmaüs, ou associations d’aide aux victimes de violences domestiques. En doublant le plafond et en élargissant le dispositif aux non-imposables, plusieurs centaines de milliers de foyers supplémentaires pourraient être incités à faire un don ou à augmenter leur contribution.
Notons que la « niche Coluche » a été créée à l’initiative de l’humoriste Coluche et des Restos du Cœur. À l’époque, elle offrait une réduction de 50 % pour les dons aux associations d’aide aux plus démunis, adoptée à l’unanimité par les députés. Aujourd’hui, ce dispositif est considéré comme un levier efficace pour encourager la solidarité citoyenne, mais nécessite une adaptation pour tenir compte des contraintes économiques actuelles et inclure tous les Français qui contribuent à la générosité collective.
L’amendement visant à transformer la niche Coluche en crédit d’impôt a été voté par la commission des finances, mais doit encore être confirmé en séance publique, note LCP. Les débats devraient également s’intéresser au coût pour les finances publiques et à la manière dont l’État pourra supporter une part des remboursements aux foyers non imposables.








