Le ministre démissionnaire de l’Économie, Éric Lombard, a exprimé ses réserves à l’égard du projet de budget 2026, qui vise à réaliser 44 milliards d’euros d’économies. Il appelle à une révision de cet objectif, qu’il juge trop ambitieux et déconnecté des attentes de la population.
Présenté en juillet 2025 par l’ancien Premier ministre François Bayrou, le projet de budget prévoyait un plan d’économies de grande ampleur, notamment via des coupes dans les dépenses publiques et des mesures sociétales sensibles. Pour Éric Lombard, cette trajectoire doit être revue à la baisse.
Il estime que l’effort demandé n’est pas soutenable tel qu’il est envisagé, et qu’une concertation élargie doit être engagée, rapporte Franceinfo. Il s’appuie sur le style plus consensuel du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, qui semble vouloir imprimer une marque de dialogue dans la gouvernance économique.
Retour en arrière sur des mesures impopulaires
Parmi les mesures envisagées sous Bayrou, la suppression de deux jours fériés avait cristallisé les critiques. Cette proposition a été écartée par Lecornu, ce que Lombard salue comme une décision pragmatique.
Selon lui, toute réforme économique durable nécessite de prendre en compte la réaction de l’opinion publique, qui avait largement rejeté l’idée de supprimer des jours de repos. Il met en garde contre les arbitrages strictement technocratiques qui négligeraient les signaux sociaux.
Interrogé sur la possible mise en place de la taxe Zucman – une fiscalité ciblée sur les patrimoines les plus élevés –, Éric Lombard s’est dit favorable à une approche équilibrée. Il plaide pour un effort partagé, mais souligne que les plus favorisés doivent être sollicités prioritairement, notamment sur leurs épargnes dormantes ou leurs actifs non productifs.
Le discours s’inscrit dans une logique de justice fiscale, en réponse aux critiques récurrentes sur l’inégalité de la répartition des efforts dans les précédents plans de redressement budgétaire.
Vers un compromis sur le budget 2026 ?
L’intervention de Lombard intervient dans une séquence politique marquée par des tensions internes au gouvernement et un changement de méthode à Matignon. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, souffre d’un début de mandat difficile, avec seulement 16 % d’opinions favorables selon un sondage récent.
Dans ce contexte, la construction d’un budget acceptable, à la fois par les marchés, les partenaires sociaux et les citoyens, s’annonce comme un exercice d’équilibrisme politique. La déclaration de Lombard met en lumière les divergences internes au sein de la majorité sortante.
Elle laisse également entrevoir une possible inflexion de la politique économique, davantage centrée sur le dialogue et la répartition équitable de l’effort. L’exécutif devra désormais arbitrer entre discipline budgétaire, exigée par les engagements européens, et acceptabilité sociale, indispensable dans un climat de défiance.








