Longtemps évoquée, la suppression partielle du crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile refait surface. Si la mesure n’apparaît pas noir sur blanc dans le projet de loi de finances (PLF) 2026, elle reste clairement dans le viseur du gouvernement et de plusieurs députés. Le débat promet d’être animé dans les semaines à venir.
Le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile permet aujourd’hui aux ménages de récupérer 50 % des dépenses engagées pour les services à la personne (ménage, garde d’enfants, aide aux personnes âgées, jardinage ou encore soutien scolaire) dans la limite de 12 000 euros par an.
Chaque année, ce dispositif coûte entre 5 et 6 milliards d’euros à l’État, selon les estimations du député Charles de Courson, rapporteur général du budget. Ce dernier plaide depuis plusieurs mois pour un « coup de rabot » ciblé, arguant que le crédit d’impôt bénéficie parfois davantage aux foyers les plus aisés qu’aux ménages modestes.
Mais pour l’heure, la suppression de cette niche fiscale ne figure pas dans la version officielle du budget 2026. Une absence qui intrigue, d’autant que le gouvernement prévoit déjà de supprimer 23 niches fiscales jugées « inefficaces ou obsolètes » afin d’économiser environ 5 milliards d’euros.
Un « oubli » volontaire selon Bercy
Selon une source citée par Le Parisien, l’absence du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile dans le texte initial ne serait qu’un « oubli stratégique ». « Nous n’avons pas pu tout écrire dans le PLF », confie un membre de l’entourage du ministre des Finances, précisant qu’il fallait aussi « laisser des mesures aux socialistes ». Une manière, selon cette source, de ménager les alliés de la majorité, qui souhaitent obtenir des « victoires parlementaires » lors des débats à venir.
Concrètement, la discussion sur ce crédit d’impôt devrait revenir au Parlement, où plusieurs amendements seraient déjà en préparation. Une réunion à Bercy est d’ailleurs annoncée dans les prochaines semaines pour évoquer différents scénarios de réforme.
Un possible ajustement du taux ou des plafonds du crédit d’impôt
Si la suppression pure et simple du dispositif n’est pas à l’ordre du jour, une réduction du taux pourrait être envisagée. L’idée serait d’adapter l’avantage fiscal selon le niveau de revenu du foyer ou le type de service.
Certains secteurs, jugés plus essentiels, comme la garde d’enfants, l’accompagnement des personnes âgées ou handicapées, seraient préservés. En revanche, les prestations de confort, comme le jardinage ou le bricolage, pourraient voir leur avantage fiscal réduit.
L’ancienne ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, restée en poste, avait d’ailleurs déjà fixé des limites : pas question, selon elle, de toucher aux crédits d’impôt bénéficiant directement aux familles ou aux publics fragiles.
Des attaques « très parisiennes »
La Fédération des particuliers employeurs (Fepem) redoute cependant que toute baisse du taux ne relance le travail dissimulé. Sa coprésidente Julie L’Hotel-Delhoume met en garde : « Une baisse du taux serait une ligne rouge à ne pas franchir, au risque que les salariés soient employés au noir ». Elle dénonce aussi des attaques « très parisiennes », rappelant que les activités de jardinage et de bricolage représentent une part minime des emplois à domicile.
Le gouvernement devra donc arbitrer entre nécessité d’économies et préservation de l’emploi local. Les services à la personne représentent plus de 3 millions d’emplois directs et indirects en France, dont une grande partie dépend de ce crédit d’impôt.
Même si la mesure n’a pas encore été inscrite au PLF, le débat est loin d’être clos. Le risque d’un coup de rabot partiel plane toujours, et pourrait devenir l’un des dossiers les plus sensibles du débat budgétaire 2026.








