La surtaxe de l’impôt sur les sociétés, introduite dans le budget 2025, fait polémique. Si certains dénoncent une taxation du « made in France », d’autres estiment qu’il s’agit d’une contribution temporaire ciblant uniquement les plus grandes entreprises. Décryptage d’une mesure qui alimente les tensions entre pouvoir économique et politique.
Bernard Arnault a affirmé que le budget 2025 augmentera de 40 % les impôts des entreprises qui fabriquent en France. En réalité, cette surtaxe temporaire ne concerne qu’une fraction des entreprises françaises. Selon le texte adopté à l’Assemblée nationale, seules celles dont le chiffre d’affaires dépasse 3 milliards d’euros seront soumises à un taux exceptionnel de 41,2 %.
Pour celles ayant un chiffre d’affaires inférieur, mais supérieur à 500 millions d’euros, la contribution sera de 20,6 %. Contrairement à ce qu’a laissé entendre le PDG de LVMH, cette hausse d’impôt ne s’applique donc pas à l’ensemble des entreprises produisant en France, mais à quelques centaines de grandes structures.
Un impôt exceptionnel qui ne durera qu’un an
Le gouvernement a justifié cette mesure comme une contribution temporaire pour redresser les comptes publics, tout en évitant de pénaliser les PME et les entreprises industrielles de taille plus modeste. Initialement prévue pour durer deux ans, cette surtaxe a finalement été limitée à une seule année, selon le ministre de l’Économie Éric Lombard.
Cette mesure devrait rapporter 8 milliards d’euros à l’État, un montant crucial pour tenter de réduire le déficit budgétaire, alors que la France fait face à une situation économique tendue. La déclaration de Bernard Arnault a provoqué des réactions en chaîne. Si certains entrepreneurs ont dénoncé une taxation excessive des grandes entreprises, d’autres estiment que ces géants du secteur privé doivent contribuer davantage.
Michel-Édouard Leclerc a notamment critiqué les menaces de départ du milliardaire, tandis que certains responsables politiques, comme Éric Ciotti, ont soutenu la position du PDG de LVMH. À gauche, plusieurs élus ont rappelé que cette surtaxe a été discutée avec le Medef et acceptée comme un geste de solidarité des grandes entreprises face aux difficultés budgétaires du pays.
Une inquiétude sur la délocalisation des entreprises françaises ?
Si Bernard Arnault a formellement démenti vouloir délocaliser LVMH, il a néanmoins reconnu que les États-Unis lui font les yeux doux pour qu’il y investisse davantage. Son groupe possède déjà sept ateliers, plus de 1 200 boutiques et 43 000 employés outre-Atlantique. Avec la perspective d’un retour de Donald Trump, les menaces de nouveaux droits de douane sur les produits européens pourraient encore renforcer l’attrait du marché américain pour le groupe de luxe.
La question reste donc ouverte : cette surtaxe temporaire aura-t-elle un impact réel sur la compétitivité des grandes entreprises en France, ou est-elle simplement une mesure transitoire nécessaire au redressement des finances publiques ?