Le projet de loi de finances 2024 a suscité une vive controverse avec l'adoption d'un amendement, via le 49.3, stipulant le financement de l'industrie de la défense en utilisant les ressources du Livret A et du livret d'épargne populaire (LEP).
Soutenue par certains ministres, cette décision ne fait pas l'unanimité au sein du gouvernement. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, fait partie des détracteurs du financement de l'industrie de la défense par les économies des Français destinées principalement au logement social et au renouvellement urbain.
Le ministre a exprimé sur Franceinfo, ce jeudi 23 novembre, son désaccord avec l'amendement qui est passé après le vote de la loi des finances 2024. « Réfléchissons à un produit d'épargne consacré à la défense », a déclaré le ministre qui estime que le Livret A doit continuer dans sa lignée de financer le logement social. L'amendement qui permet de financer l'industrie militaire par Livret A et le Livret d'épargne populaire (LEP) n'est pas « de [son] choix », a martelé Bruno Le Maire. Et d'affirmer : « Vous savez, moi, je suis un garçon simple. […] Le Livret A, pour moi, c’est le logement social, et ça doit rester le logement social. […] Je préfère qu’il y ait un livret d’épargne consacré à la défense nationale plutôt qu’on fasse dévier le Livret A de son objectif ».
Chassé par le Conseil Constitutionnel, l'amendement revient par une autre porte
Toutefois, le ministre, qui s'est prononcé sans ambiguïté concernant cet amendement, a tenu à souligner que la loi de programmation militaire voulue par Emmanuel Macron est une bonne chose. « Il faut redonner les moyens à nos armées de fonctionner correctement, d’avoir du bon matériel. La loi de programmation militaire permet de mettre nos armées au niveau. Surtout face à la menace de la guerre en Ukraine », a-t-il déclaré. Rappelons que cet amendement fait partie du dispositif de financement des nouveaux moyens à mettre à la disposition de l'armée française.
Il faut souligner, par ailleurs, que cet amendement avait été rejeté par le Conseil constitutionnel lors de l’examen de la loi de Programmation militaire en juin dernier. Il est donc revenu par une autre porte, réjouissant ainsi Thomas Gassilloud, président de la commission de défense de l’Assemblée nationale qui avait affirmé, dans un communiqué, que « la reprise de cet amendement permet de traduire une volonté politique claire en acte normatif et efficace, tout en soutenant notre industrie de Défense dans le cadre de la montée en puissance de l’économie de guerre ».