L’essor du bio dans les grandes surfaces avait marqué les années 2010. Mais depuis la crise de 2021 et la montée de l’inflation alimentaire, l’engouement semble nettement retombé. Une récente étude publiée par la Fondation pour l’Homme et la Nature met en lumière le désengagement progressif des principales enseignes françaises. Disponibilité en magasin, politique tarifaire, campagnes de communication et programmes de fidélité : tous les indicateurs sont en retrait.
Entre 2022 et 2024, le nombre de références bio a diminué de 7 % à 25 % selon les enseignes. Cette tendance affecte aussi bien les distributeurs généralistes que les enseignes historiquement actives sur le segment. Monoprix, qui conserve le pourcentage le plus élevé avec 15 % de produits bio, reste une exception. Ailleurs, les chiffres sont nettement inférieurs à 10 %, avec des baisses marquées chez Aldi (-35 %) ou Carrefour (-11 %), rapporte Capital.
Les prix du bio toujours très élevés
L’étude relève aussi des écarts de prix importants entre produits bio et conventionnels. Chez Monoprix, un article bio coûte en moyenne 86 % de plus que son équivalent classique. L’écart est de 73 % chez Intermarché, 68 % chez Coopérative U et 64 % chez Leclerc. Ces niveaux rendent l’accès au bio difficile pour de nombreux consommateurs, particulièrement dans un contexte d’érosion du pouvoir d’achat.
Autre indicateur du repli stratégique : les investissements en communication. Les distributeurs interrogés y consacrent en moyenne moins de 5 % de leur budget média, et parfois bien moins. Carrefour reste en tête avec 25 millions d’euros investis en 2021, soit 7,5 % de son budget média, mais aucune enseigne ne présente aujourd’hui d’objectif chiffré de développement du bio. La communication actuelle est massivement centrée sur le prix bas et le pouvoir d’achat.
Des ambitions abandonnées
De nombreuses ambitions passées ont été mises en pause ou supprimées. Intermarché a retiré de sa stratégie son objectif d’atteindre 16 % de part de marché bio en 2024. Carrefour a élargi son discours à l’ensemble des produits « certifiés durables », englobant d’autres labels. Quant à Leclerc, plus aucun engagement public n’a été exprimé depuis la crise.
Ce désengagement intervient alors que la France s’est fixé l’objectif de 21 % de surfaces agricoles converties au bio d’ici 2030. La faible implication des distributeurs pourrait freiner cet objectif, en limitant la demande. Le soutien logistique et commercial de la grande distribution reste pourtant un levier important pour structurer les filières.
La Fondation pour l’Homme et la Nature appelle à une plus grande cohérence entre les ambitions climatiques et les pratiques commerciales des enseignes. À ce jour, seuls quelques distributeurs intègrent encore le bio dans leurs programmes de fidélité ou suivent des indicateurs dédiés.