La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, prépare les esprits à un nouveau relèvement des taux directeurs qui devrait être décidé lors de la prochaine réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs. Ceci en raison des tensions actuelles sur le marché de l’emploi qui aurait pour conséquence une spirale salaires-prix.
En effet, la BCE se prépare à une nouvelle hausse des taux directeurs. Ces derniers pourraient même être relevés au-delà de juillet si nécessaire, dans le but de ramener l’inflation à l’objectif convoité des 2%. C’est, en tout cas, ce qu’a révélé Christine Lagarde, lors du récent forum annuel de Sintra, au Portugal. La même intervenante a aussi indiqué qu’il est impossible « d’affirmer que les taux ont atteint leur point haut ».
D’un autre côté, la hausse des prix dans la zone euro a enregistré un ralentissement, tandis que l’activité a marqué le pas. Au mois de juin, l’inflation s’établissait à 5,5% en rythme annuel, contre 6,1% au mois de mai. Ces chiffres traduisent une baisse conséquente par rapport au pic enregistré en octobre 2022. Les prix de l'énergie ont joué un rôle essentiel dans cette baisse, en diminuant de 5,6% (1,8% en mai), tandis que l'augmentation des prix des biens industriels a ralenti à +5,5%, comparé à +5,8% en mai.
En juin, l'inflation des produits alimentaires a également baissé, bien qu'elle reste élevée, à 11,7% (contre 12,5% en mai). Seul le secteur des services continue de contribuer à la hausse de l'inflation sous-jacente, avec une augmentation de 5,4% (5% en mai). Cette augmentation constante de l'inflation sous-jacente (passant de 5,3% à 5,4% le mois dernier) préoccupe la BCE, car, jusqu'à présent, aucun signe de reflux n'est apparemment visible.
Le spectre d’une spirale inflationniste se profile à l’horizon et menace les objectifs de la BCE
Les résultats de la dernière enquête mensuelle de la Banque de France apportent quelques motifs d'optimisme à ce sujet. Les entreprises, interrogées entre le 28 juin et le 5 juillet, déclarent que le rythme des augmentations des prix de vente est revenu au niveau d'avant la période de la Covid-19 dans tous les secteurs, y compris celui des services. Ces éléments laissent entrevoir des perspectives d'inflation encourageantes dans l'Hexagone.
Cependant, d'après l'enquête de la Banque de France, les entreprises continuent de prévoir une résistance persistante sur le marché de l'emploi, ce qui constitue précisément le point délicat. Malgré le ralentissement de l'activité dans la zone euro, les coûts salariaux unitaires sont sous pression en raison des augmentations salariales et du ralentissement de la productivité. On craint alors que cette tension sur le marché du travail ne provoque à la fois une hausse des salaires et des bénéfices pour compenser les augmentations de prix, créant ainsi une spirale inflationniste qui rendrait l'objectif défini par la BCE inatteignable.
D'après Paola Monperrus-Veroni, économiste au Crédit Agricole, l'inflation devrait atteindre un niveau supérieur à 5% d'ici la fin de l'été, puis se stabiliser à 3,5% en décembre prochain. Cette évolution justifie une hausse des taux directeurs de 25 points de base ce mois-ci, suivie d'une autre augmentation similaire en septembre. Cette prévision rejoint le consensus du marché.