La guerre commerciale menée par les États-Unis, notamment contre l’Union européenne, pourrait relancer l’inflation, avertit la Banque centrale européenne (BCE). Dans un rapport publié le 3 avril 2025, la BCE analyse les conséquences des nouvelles taxes douanières américaines et leurs effets possibles sur l’économie mondiale, et plus spécifiquement sur la zone euro. Cette situation complexifie la gestion des taux d’intérêt et des politiques monétaires futures.
D’après les derniers rapports de la BCE, les droits de douane imposés par les États-Unis sur les produits européens risquent de créer une pression inflationniste à court terme. Ces nouvelles taxes, pouvant atteindre 20%, affecteront notamment les exportations de l’Union européenne, qui représentent une part importante du commerce mondial. Selon les prévisions, cette augmentation des droits de douane pourrait entraîner une hausse générale des prix dans les mois à venir, surtout dans les secteurs touchés par ces nouvelles taxes.
Cependant, la BCE précise que cet impact pourrait être limité par d’autres facteurs. Si l’inflation pourrait augmenter à court terme, il est possible que la baisse de la demande mondiale, alimentée par un ralentissement économique, compense partiellement cette hausse, notamment sur les produits moins demandés. La BCE reste donc prudente et surveille de près ces évolutions.
Une zone euro exposée à une inflation croissante
La zone euro, et notamment l’Allemagne, grand exportateur de biens d’équipement, est perçue comme la région la plus vulnérable à ces nouveaux tarifs douaniers. Les produits européens, surtout dans les secteurs technologiques et industriels, risquent de voir leurs prix augmenter, ce qui pourrait réduire leur compétitivité sur les marchés internationaux. Les entreprises européennes devront soit absorber une partie de ces coûts, soit les répercuter sur les consommateurs, ce qui pourrait nuire à la consommation.
La BCE estime que l’ampleur de l’impact économique dépendra largement de la durée du conflit commercial et de la réactivité des négociations internationales. Une prolongation de la guerre commerciale pourrait prolonger cette pression inflationniste sur la zone euro, alors qu’une résolution rapide atténuerait ces effets.
Des décisions monétaires à venir dans un climat incertain
Les incertitudes autour de cette guerre commerciale rendent également plus difficiles les décisions de la BCE en matière de politique monétaire. En mars 2025, la BCE a déjà procédé à une sixième baisse des taux directeurs depuis juin 2024 pour stimuler l’économie. Toutefois, la nouvelle situation pourrait obliger la BCE à revoir ses stratégies à court terme.
Une baisse supplémentaire des taux d’intérêt, actuellement envisagée pour avril 2025, pourrait être décidée en réponse aux pressions économiques croissantes. Carsten Brzeski, analyste chez ING, a d’ailleurs indiqué que le choc négatif sur le commerce et la confiance des consommateurs, couplé à l’absence de perspectives de négociations rapides, pourrait justifier une nouvelle baisse des taux directeurs.
L’impact à long terme : un modèle imprévisible
L’un des grands défis posés par cette guerre commerciale reste son caractère imprévisible. Les modèles économiques utilisés par la BCE ne peuvent pas entièrement anticiper les effets des politiques protectionnistes des États-Unis, comme l’a souligné la banque centrale. Le protectionnisme, devenu un phénomène radical et difficile à quantifier, pourrait entraîner des turbulences économiques mondiales et influencer la trajectoire de l’inflation dans les mois et années à venir.
La BCE se trouve ainsi dans une position délicate, devant jongler entre stimulation de l’économie et gestion de l’inflation, tout en restant vigilante face aux décisions commerciales des États-Unis.